Cette semaine, je suis un peu inquiet…
Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que la révolution numérique gagne le Québec. L’intelligence artificielle est l’exemple le plus flagrant. Elle fait les manchettes constamment. Montréal est aujourd’hui le nouveau chouchou des géants comme Facebook et Google. Pendant ce temps, les laboratoires de recherche poussent comme des champignons et nos politiciens développent un intérêt marqué pour les technologies.
Même ma grand-mère tient à jaser techno avec moi!
La Silicon Valley est devenue une caricature d'elle-même
Avec ça en tête, je lisais il y a quelque jours un article du célèbre site de technologies TechCrunch titré “Chère Silicon Valley, l’Amérique n’est plus amoureuse de toi”.
Dans cet article, l’auteur ne mâche pas ses mots. Il met en lumière le fait que la Silicon Valley, qui a longtemps été un symbole d’innovation, d’ouverture et de créativité, est maintenant une triste caricature d'elle-même. Le héros est devenu un vilain qui ne s’attarde plus à résoudre les problèmes de l’humanité, mais plutôt à accumuler du capital à coup d’innovations insipides, nuisibles, voire offensantes.
Pensons au récent exemple de Bodega. Même Fast Company dédiait récemment un article sur les excès et les ratés de la Mecque de la technologie. La lune de miel est terminée.
Un peu comme Wall Street, c’est l'argent qui mène le jeu, peu importe l’impact sur la société ou le manque flagrant d’éthique qui règne au sein de certains géants.
Prenons le temps de comprendre les intérêts des géants
Ces articles soulèvent une question importante: avec toute l’effervescence technologique que nous vivons au Québec actuellement, comprenons-nous bien ce que peut impliquer l'intérêt que nous portent les géants de la Vallée?
Qu'on se comprenne bien, je travaille dans le milieu de la techno et je vous le confirme, le boom que nous vivons au Québec est effectivement une occasion en or pour notre économie et notre position sur l’échiquier mondial. Cela dit, quand vient le temps d'analyser la situation, je crois que nous ne devrions pas simplement faire un exercice comptable. Nous avons une chance incroyable d’avoir un réel impact positif sur le monde et surtout, sur le Québec.
Il faut être critique et vigilant
Nous avons devant nous quelque chose qui ressemble à un projet de société. Le problème, c’est que dans le monde de la technologie, la société on s’en fout de plus en plus. Dans la Vallée, on est loin de vouloir démocratiser l’informatique comme à l’époque. Comme le dit Ross Baird dans son article, maintenant on y finance des «bébelles» à coup de 100 M$US afin de faciliter notre petit quotidien individualiste. Nous sommes loin de nos idéaux progressistes.
Sans se créer des peurs, j’ai tout de même l'impression qu’on se laisse porter par le courant sans penser qu’il pourrait nous engloutir. Il ne faut pas oublier que les grandes entreprises de la Silicon Valley qui arrivent au Québec le font avec leur bagage, leurs intentions et leur vision de l’entrepreneuriat. En stimulant le secteur, elles y imprègnent également leurs mentalités et nous modèlent à leurs besoins.
Leurs méthodes de travail seront perçues comme de bonnes pratiques et une foule de talents québécois s'en inspireront. Nous avons donc avantage à demeurer vigilants. Personne n'investit des millions de dollars dans un projet simplement pour faire plaisir. Notre savoir-faire ne doit pas strictement servir les intérêts des investisseurs.
Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai vraiment pas envie de devenir un épicentre technologique simplement parce que nous sommes bons et pas chers, encore moins si celui-ci calque les valeurs de la Vallée.
Ce qui se passe au Québec est très excitant. Demeurons cependant lucides.
Ce que je dis, c’est qu’il faut s’investir en tant que société dans cette aventure. On aura donc besoin de volonté politique, mais surtout sociale pour s'assurer de créer de la valeur qui importe.