Selon la Financière Banque Nationale, la crise économique grecque a été d'une ampleur comparable à la dépression subie par l'économie américaine après le krach de 1929.
Depuis 5 ans, le produit intérieur brut (PBI) s'est contracté de 25%, et le taux de chômage chez les jeunes dépasse maintenant les 60%, selon le quotidien britannique The Guardian.
Et qu'ont fait les États-Unis pour relancer leur économie durant la dépression? Ils ont massivement stimulé les investissements publics et privés par le biais de l'interventionnisme de l'État, le New Deal.
L'austérité budgétaire n'était pas à l'ordre du jour, car cela aurait tué dans l'oeuf toute reprise économique aux États-Unis.
C'est pourtant cette médecine de cheval qu'on impose à la Grèce depuis 6 ans, ont dénoncé cette semaine les Nobels d'économie Paul Krugman et Joseph Stiglitz.
S'ils en avaient la possibilité au référendum grec, ce dimanche, les deux économistes ont d'ailleurs indiqué qu'ils voteraient pour le Non.
La victoire du Oui signifie tout simplement la poursuite de l'austérité. La victoire du Non pourrait mener à de nouvelles négociations avec les créanciers de la Grèce, mais elle pourrait aussi aussi mener à une sortie du pays de la zone euro.
Selon les deux économistes, l'austérité imposée à la Grèce par la troïka (UE, BCE, FMI) ne peut qu'enfoncer le pays dans la récession pendant encore plusieurs années.
Paul Krugman affirme même que « le gouvernement grec devrait être prêt, si nécessaire, à abandonner l'euro ».
Le choc serait terrible pour le pays à court terme, s'entendent pour dire les spécialistes.
Mais au moins, la Grèce aurait davantage de contrôle sur son économie et ses dépenses budgétaires. Le pays pourrait aussi relancer ses exportations grâce à la dévaluation. En revanche, le coût des importations bondirait.
Il va sans dire que la sortie de la Grèce de la zone euro créerait de l'incertitude sur les marchés financiers. Se poserait aussi inévitablement la question à savoir si d'autres pays peuvent un jour à leur tour tourner le dos à la monnaie unique.
Selon plusieurs analystes, ce scénario peut être évité si on donne un sérieux coup pouce à la Grèce en annulant une partie de sa dette. Et ce compromis ne peut avoir lieu sans l'aval de Berlin.
Selon plusieurs historiens, le fameux « miracle économique allemand » de l'après-guerre aurait difficilement pu se réaliser sans l'effacement de 50% de la dette de la RFA.
À défaut de provoquer un « miracle économique grec », l'effacement d'une partie de la dette de la Grèce permettrait à ce pays de relancer son économie, et de payer, à terme, le reste de ses dettes.
Plusieurs économistes l'ont compris. Le FMI commence à le comprendre. Reste à voir si les Allemands et la chancelière Angela Merkel le comprendront.