Les libéraux refusent de prendre le blâme pour les dépassements de coûts d'ArriveCan

Publié le 12/02/2024 à 17:37

Les libéraux refusent de prendre le blâme pour les dépassements de coûts d'ArriveCan

Publié le 12/02/2024 à 17:37

Par La Presse Canadienne

Le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a cependant maintenu avoir «une pleine confiance» en la présidente de l’agence et la capacité de l’organisation à prendre «toutes les mesures correctives appropriées pour que les fonds publics soient dépensés avec diligence». (Photo: La Presse Canadienne)

Les libéraux ont refusé lundi de prendre le blâme pour le développement particulièrement coûteux de l’application ArriveCan après un rapport désastreux de la vérificatrice générale pointant plutôt du doigt l’Agence des services frontaliers du Canada. 

«C’est un blâme légitime qu’elle (la vérificatrice générale) accorde à l’agence et dont elle s’attend qu’on retienne les leçons et qu’on (les) applique le plus rapidement possible», a déclaré lundi le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean−Yves Duclos.

À ses côtés, le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a cependant maintenu avoir «une pleine confiance» en la présidente de l’agence et la capacité de l’organisation à prendre «toutes les mesures correctives appropriées pour que les fonds publics soient dépensés avec diligence».

Bien qu’il reconnaisse avoir «toujours» une responsabilité ministérielle de s’assurer que l’argent des contribuables est bien dépensé, dans le cas présent «la responsabilité» qu’il prend est celle «de mettre en vigueur les recommandations de la vérificatrice générale».

En présentant son rapport, la vérificatrice générale Karen Hogan a déploré «un non−respect flagrant des pratiques de gestion élémentaire» dans le développement de l’application lancée en avril 2020 afin de suivre les informations de santé et de contact des personnes arrivant au Canada pendant la pandémie de COVID−19.

Le projet a été si mal géré qu’elle a été incapable d’établir son coût précis. Elle l’a cependant estimé à 59,5 millions de dollars (M$). Le premier contrat pour ArriveCan était initialement évalué à seulement 2,35 M$.

Lors d’une mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes, le chef conservateur, Pierre Poilievre, n’y est pas allé par quatre chemins, évoquant de «l’incompétence et la corruption du gouvernement Trudeau» qui «gaspille» les fonds publics.

Cette application, «ArriveScam», comme il l’appelle, «ne fonctionne même pas» et le pays n’en «avait même pas besoin».

Plus encore, M. Poilievre, comme d’autres élus, calcule qu’elle a coûté «750 fois plus cher» que promis. Il se base sur la facture d’origine de la version initiale de l’application qui a été de 80 000 dollars.

Le Bloc québécois juge également que le gouvernement libéral a ignoré des signaux d’alarme et laissé aller les choses «comme si, pour lui, l’argent des contribuables, ça n’avait aucune importance», a dit son leader parlementaire Alain Therrien.

«À la seconde où les drapeaux sont levés en février 2022, ben le gouvernement aurait dû faire les vérifications requises, a-t-il résumé. C’est la responsabilité du gouvernement de gérer les données publiques. C’est sa job à lui. (…) On blâme le gouvernement de cette façon−là.»

Selon lui, chaque ministre doit répondre «de ses actes ou de l’absence de ses actes» dans un cas de gestion «aussi folle que ça».

Quant à savoir si certains ministres devraient démissionner, il répond qu’«on n’en est pas là».

Au Nouveau Parti démocratique, le chef Jagmeet Singh voit dans cet «échec» un «gouvernement qui est déconnecté (…) de la réalité des gens» et qui est «incompétent».

«Je mets la responsabilité pas sur les fonctionnaires», a-t-il dit. Selon lui, la responsabilité revient ultimement au gouvernement puisque c’est lui qui doit s’assurer que l’argent est adéquatement dépensé.

Dans une déclaration écrite conjointe, l’Agence des services frontaliers du Canada, Services publics et Approvisionnement Canada et l’Agence de la santé publique du Canada disent prendre au sérieux les «lacunes inacceptables» relevées par la gouverneure générale. Ils notent que certaines recommandations ont déjà été mises en œuvre. 

− Avec des informations d’Émilie Bergeron 

Michel Saba, La Presse Canadienne

 

 

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