Aux créateurs de contenu et départements marketing, le projet propose une voix, la possibilité d’avoir plus de contrôle sur leur travail et sa visibilité. (Photo: Karsten Winegeart pour Unsplash)
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(Illustration: Camille Charbonneau)
ALGORITHMES. «Encore»… C’est certainement ce que vous vous êtes dit lorsque vous avez entendu parler du nouveau réseau social (RS) québécois en construction.
Si La nouvelle place — son nom de travail — n’innove pas sur la forme, en proposant une nouvelle plateforme de partage de contenus et d’échanges, c’est sur le fond que ses membres fondateurs veulent se démarquer.
«Ce n’est pas [juste] une autre affaire, on apporte un autre modèle d’affaires, un autre modèle de gouvernance», affirme Steve Proulx, membre fondateur de l’initiative citoyenne et président de l’agence de contenus 37e Avenue.
Aux créateurs de contenu et départements marketing, il propose une voix, la possibilité d’avoir plus de contrôle sur leur travail et sa visibilité, au lieu d’être «pris en otage par des plateformes sur lesquelles on a aucun contrôle».
Un RS dans une coop
Les cinq membres fondateurs du RS d’ici, à savoir Patrick Pierra, éditeur du média InfoBref, Claudia Beaumont, cheffe de produit numérique chez Noovo Info, Margot Pasquier, directrice du marketing et des relations publiques pour la Coop 25e heure, et Claude Poulin, président de Néomedia, sont sur le point de former une coopérative de solidarité sans but lucratif.
Avec ce statut juridique, tous les membres de la coop, qu’ils soient des consommateurs, des entreprises ou des membres de soutien — souhaitant participer au CA — auront une voix lors de l’assemblée générale annuelle et pourront se prononcer sur des sujets comme la gouvernance du RS, la protection des données, ou encore la conception de l’algorithme.
«Laisser le modèle d’affaires d’une plateforme à portée sociale, d’une place publique, aux règles du marché, ça ne fonctionne pas», s’insurge Steve Proulx, qui souhaite créer un RS responsable, éthique, transparent, une vraie place publique, par et pour les citoyens.
Comme sur un RS traditionnel, les consommateurs, influenceurs et créateurs de contenus pourront y partager des publications. Les organisations auront la possibilité d’ouvrir une page en leur nom et de promouvoir financièrement leurs posts afin d’augmenter leur visibilité.
L’algorithme, cependant, se voudra responsable et transparent.
«On veut se comporter comme un service public, explique Steve Proulx. On saura pourquoi tel contenu apparaît avant tel contenu et ce sera sujet à discussion lors des assemblées générales».
Un comité de l’algorithme sera mis en place. Il sera composé d’experts techniques et éthiques qui pourront suivre les débats sociétaux et le faire évoluer, explique-t-il. Quant aux données, elles seront structurées dans une fiducie et leur accès sera réglementé, ajoute le membre fondateur.
À quoi ressemblera La nouvelle place?
Une première version de La nouvelle place — on ne connaît pas encore son nom officiel — sera lancée d’ici 2026.
La première version ressemblera plus à du microblogage, «un peu comme Twitter au début», et permettra à des leaders d’opinion surtout d’échanger entre eux, avant d’aller chercher une base d’utilisateurs actifs et d’ajouter des fonctionnalités année après année, sans jamais arrêter de développer la plateforme.
Aujourd’hui, une trentaine de collaborateurs travaillent sur le projet, afin de le constituer juridiquement, éthiquement, et d’aller chercher du financement.
«On parle d’un RS grand public à l’échelle nationale, décrit Steve Proulx. On ne parle pas d’un petit projet. On a des ambitions. On pense que la rentabilité pourrait être atteinte entre la 6e et la 9e année».
Une fois le projet complètement déployé, Steve Proulx prévoit un budget nécessaire de 10 à 12 millions de dollars par année, grâce à un financement diversifié composé de revenus publicitaires, mais aussi de capitaux qui proviendraient des membres et du financement public.
Une alternative
«J’ai hâte d’avoir une plateforme qui corresponde à mes valeurs», s’exclame Steve Proulx à la fin de notre entrevue. Le communicateur a quitté les plateformes de Meta après le blocage des nouvelles, à la suite de l’adoption de la loi C-18.
«J’étais déjà mal à l’aise par rapport à Facebook, confie-t-il. C’est une entreprise qui ne génère pas beaucoup de bien commun […] Même si j’étais heureux de voir les photos des enfants de mes amis d’enfance ou des brunchs du dimanche, ce que je déplore est plus fort que ce que cela m’apporte et je voyais beaucoup de raisons de boycotter Facebook».
Pour Steve Proulx, le blocage Meta a montré à quel point les médias étaient dépendants des RS.
«On a réalisé que le modèle présenté comme unique option, il n’est pas normal», dit celui qui est en détox de RS. Pour le moment…
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