L'ancien gouverneur de la Banque du Canada Stephen Poloz (Photo: La Presse Canadienne)
Stephen Poloz s'inquiète des niveaux d’investissement dans le secteur privé canadien et affirme que les investissements ont été freinés par la hausse des dépenses gouvernementales et la volatilité due aux relations commerciales avec les États-Unis.
L'ancien gouverneur de la Banque du Canada a pris la parole jeudi lors d'un événement du Club économique du Canada au centre-ville de Toronto, aux côtés de l'ancien ministre fédéral des Finances John Manley.
Stephen Poloz affirme que certaines mesures prises par le gouvernement fédéral contribuent à la baisse des taux d'investissement des entreprises et de la croissance de la productivité dans le secteur privé. L'ancien gouverneur a cité la hausse du taux d’inclusion des gains en capital.
«Nous sommes arrivés au point où il n’y avait pas une manne aussi importante pour couvrir toutes les choses qu’ils voulaient faire cette fois-ci. Il leur fallait donc lever une sorte de taxe», a-t-il déclaré.
«Tous les économistes vous le diront, toutes choses égales par ailleurs, augmenter le taux d’inclusion des gains en capital, ce n'est pas le meilleur moment dans le contexte pour investir. Mais la seule bonne nouvelle à ce sujet, c'est qu'ils l'ont fait au lieu d'ignorer leurs propres paramètres fiscaux ou leurs propres garde-fous budgétaires.»
Au cours des dernières années, le gouvernement fédéral a mis en place ce qu’il appelle des garde-fous fiscaux dans ses budgets pour l’aider à orienter son approche de ses finances, à fixer des limites aux déficits et à éviter d’alimenter l’inflation.
«S'ils abandonnent les garde-fous budgétaires (...) nous prenons un risque macroéconomique bien plus important», a déclaré Stephen Poloz.
Les relations commerciales avec les États-Unis, qui sont parfois devenues glaciales ces dernières années, ont également freiné les investissements, a-t-il soutenu.
Après que Donald Trump a été élu président, sa décision d'abandonner l'Accord de libre-échange nord-américain et éventuellement de le renégocier dans le cadre de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique a nui aux investissements au Canada, a déclaré Stephen Poloz.
«Si vous regardez les graphiques, c'est à ce moment que vous constaterez une baisse des investissements», a-t-il déclaré, ajoutant que les entreprises avaient décidé d'investir de manière plus défensive aux États-Unis.
Stephen Poloz a dit croire que le Canada «n'accorde pas suffisamment d'attention au commerce», en particulier à ses relations avec les États-Unis.
«C'est là que je pense que nous échouons», a-t-il déclaré.
Pour sa part, John Manley soutient que la productivité s'améliorerait avec davantage d'investissements, mais que le Canada ne parvient pas à aider ses entreprises à atteindre une échelle qui leur permettrait d'être hautement productives.
«Vous devez créer un climat d'investissement dans lequel les entreprises sont sûres de l'endroit où elles veulent investir et où elles sentent que le Canada possède un avantage comparatif qui leur sera bénéfique si elles investissent et ont accès aux marchés», a-t-il expliqué.
Ces remarques surviennent à un moment où l'inquiétude grandit quant aux niveaux de productivité du pays.
En mars, un haut responsable de la Banque du Canada a déclaré que la nécessité d'améliorer la productivité avait atteint un «niveau d'urgence», l'inflation devenant une menace encore plus grande pour l'économie.