Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, doit rencontrer en personne ses homologues provinciaux et territoriaux pour la première fois depuis qu’il a annoncé un plan sans précédent visant à limiter le nombre de nouveaux résidents temporaires. (Photo: La Presse Canadienne)
Des ministres du gouvernement fédéral et des différents gouvernements provinciaux se réunissent vendredi à Montréal pour discuter des moyens de réduire le nombre de résidents temporaires au Canada.
Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, doit rencontrer en personne ses homologues provinciaux et territoriaux pour la première fois depuis qu’il a annoncé un plan sans précédent visant à limiter le nombre de nouveaux résidents temporaires.
L’objectif est de freiner la croissance galopante de la population du Canada en réduisant le nombre de résidents temporaires. Si ce groupe représentait 6,2% de la population en 2023, l’objectif est que cette proportion soit limitée à 5% au cours des trois prochaines années.
Les nouvelles cibles seront mises en place au cours de l’été, une fois que les provinces et les territoires auront eu l’occasion de donner leur avis sur la question.
Cependant, l’économiste du travail Mikal Skuterud croit qu’ils ne devraient pas être considérés de manière isolée.
«On ne peut pas faire ça. Il faut regarder le portrait dans son ensemble», fait valoir celui qui est économiste à l’Université de Waterloo, en Ontario.
M. Skuterud a été l’un des premiers à avertir le gouvernement fédéral qu’il faudrait modérer l’augmentation massive du nombre de personnes qui migrent temporairement au Canada pour travailler ou étudier.
Le ministre Miller a annoncé son intention de réduire le nombre d’étudiants étrangers, en plafonnant pendant deux ans les nouvelles admissions, en janvier.
Ottawa tente également d’accélérer le traitement des demandes d’asile. Dans le récent budget fédéral, les libéraux ont aussi inclus des mesures législatives destinées à accélérer le processus d’expulsion lorsque ces demandes sont refusées.
La dernière et la plus grande catégorie qui n’a pas encore été abordée est celle des titulaires de permis de travail temporaire. M. Miller a déjà soutenu qu’il s’agissait d’une main−d’œuvre dont le marché du travail était devenu dépendant ces dernières années.
En 2018, il y avait 337 460 titulaires de visa de travail temporaire. En 2022, ce nombre est passé à 605 851.
M. Skuterud attribue cette hausse aux modifications apportées aux critères de résidence permanente, conçus pour combler des pénuries de main−d’œuvre spécifiques. Ces changements ont incité les travailleurs moins qualifiés à venir au Canada de façon temporaire dans l’espoir d’obtenir la résidence permanente.
«C’est ce qui attire un grand nombre de personnes à venir, et cela crée ce problème pour la population (résidente non permanente)», a-t-il expliqué.
M. Skuterud estime que le problème pourrait être inversé en créant un chemin plus prévisible vers la résidence permanente pour les nouveaux arrivants.
Moins de visas
L’une des principales priorités des ministres sera de négocier la manière d’attribuer moins de visas temporaires, sur lesquels les employeurs comptent désormais.
Quoi qu’il en soit, l’ajustement du cap s’accompagnera de certaines complications.
Au Manitoba, par exemple, les annonces d’Ottawa concernant la réduction de l’immigration temporaire ont suscité une augmentation massive des candidatures au programme des candidats pour la résidence permanente.
Plus tôt cette semaine, le ministre Miller a accédé à la demande du Manitoba de prolonger les permis de travail fédéraux pour quelque 6700 nouveaux arrivants dont les visas devaient expirer d’ici la fin de l’année, afin de leur donner le temps de demander la résidence permanente au Canada.
La nouvelle cible concernant les visas temporaires ralentira également considérablement la croissance démographique.
Même si cela pouvait atténuer certaines pressions sur les coûts et la disponibilité des logements, cela pourrait également entraîner des pénuries de main−d’œuvre, a observé le directeur exécutif de l’économie à la Banque CIBC, Andrew Grantham, dans un rapport publié en avril.
«Les restrictions sur la croissance démographique pourraient obliger les entreprises à offrir des salaires plus élevés pour encourager les personnes à rester ou à rejoindre le marché du travail. Nous pourrions perdre certaines entreprises qui ne sont tout simplement pas rentables si elles ne sont pas en mesure d’embaucher des travailleurs étrangers moins dispendieux», a écrit M. Grantham.
Les besoins en main−d’œuvre de chaque province devraient jouer un rôle important dans les discussions de vendredi. Les nouveaux objectifs pour les visas temporaires seront publiés à l’automne.
Laura Osman, La Presse Canadienne