L’entreprise lavalloise Mon Technicien a fait énormément parler d’elle depuis que son dirigeant Sylvain Dion a fait l’acquisition d’un chalet aménagé sur une île du lac Labelle, dans les Hautes-Laurentides. (Photo: courtoisie)
ESPACES DE TRAVAIL. Depuis l’avènement de la formule condotel en villégiature — une formule offrant la vie de chalet sans souci avec revenus de location — il n’est pas rare de voir des entreprises acquérir une ou des suites afin d’en offrir le confort à leurs clients et leurs meilleurs employés le temps d’une fin de semaine. Or, voilà que certaines PME poussent la note encore plus loin. Elles achètent un chalet pour en faire un espace de travail.
L’agence de marketing web montréalaise, Rablab, vient d’investir 900 000 $ pour l’acquisition d’un terrain et la construction d’un grand chalet de quatre chambres, à Saint-Alphonse-de-Rodriguez, dans Lanaudière. Chaises et tables de travail dotées de deux écrans s’invitent entre les fauteuils cosy et les lits superposés qui meublent les quelque 2600 pieds carrés du chalet aménagé au bord du lac Rouge. Le chalet est accessible à la vingtaine d’employés de la boîte depuis septembre dernier.
Foi du cofondateur, Jean-Philippe Dauphinais, l’investissement a été mûrement réfléchi. Depuis 2018, l’entreprise a l’habitude de louer un grand chalet pour le party de Noël. En 2021, dès que les mesures sanitaires l’ont permis, cette location est devenue récurrente à raison d’une semaine par mois. « En faisant le calcul mon associé et moi, on s’est rendu compte qu’il nous en coûtait entre 50 000 $ à 60 000 $ par année pour les locations à la semaine. En ajoutant à ce montant les quelque 10 000 $ à 15 000 $ de location de salles et de lieux pour les divers événements de l’entreprise, telles les fêtes d’Halloween et de Noël, nous avons conclu qu’il serait plus judicieux d’acquérir notre propre chalet », explique le dirigeant.
D’ailleurs, dit-il, les taxes et le coût de l’hypothèque liés au chalet reviennent moins chers que ce que coûtaient les diverses locations annuelles. « Nous devrions même avoir remboursé cet investissement d’ici 15 ans », signale Jean-Philippe Dauphinais en précisant que ce nouvel actif prend également de la valeur.
Autre avantage non négligeable, le chalet a été construit et équipé en fonction des besoins de l’agence. « Finies les locations de chalet où l’Internet n’était pas à la hauteur. Terminés aussi les séjours dans des lieux sans air conditionné et aux chaises inconfortables. Maintenant, tout est à notre goût », soutient le dirigeant de l’agence. Soit dit en passant, pour des règles fiscales, le chalet est la propriété de la nouvelle division immobilière de l’agence, qui le lui loue à l’année.
Jean-Philippe Dauphinais reconnaît que ce modèle ne convient pas à tout le monde. « La formule travail au chalet peut constituer un enjeu pour les employés qui ont des familles. Pour le moment, je suis le seul qui est parent dans l’équipe », souligne-t-il. Quoi qu’il en soit, l’initiative de Rablab fait beaucoup jaser. « On a déjà reçu au moins une dizaine d’appels d’entreprises, incluant des firmes comptables et d’avocats, intéressées à en savoir plus sur cette formule ».
Un chalet sur une île
L’entreprise lavalloise Mon Technicien a, elle aussi, fait énormément parler d’elle depuis que son dirigeant Sylvain Dion a fait l’acquisition d’un chalet aménagé sur une île du lac Labelle, dans les Hautes-Laurentides. En fait, c’est BuroLoft, la division de la PME spécialisée en cybersécurité qui a payé un peu moins d’un quart de millions pour acquérir ce bien immobilier particulier en août dernier.
« Un investissement qui a déjà été largement remboursé, soutient le dirigeant Sylvain Dion. Non seulement le nom de l’entreprise a circulé partout au pays, mais j’ai pu recruter des employés attirés par le concept. Je ne pouvais demander meilleure campagne de publicité à si bon prix ».
Contrairement au chalet de Rablab qui sert de lieu de travail, celui de Mon Technicien en est un de détente. « Tout fonctionne en mode autonome. Panneau solaire, puits de surface, et il n’y a toujours pas de service Internet. C’est à peine si le réseau cellulaire est accessible »,
Par conséquent, l’utilisation du chalet devient un avantage imposable. « Quoique si quatre employés s’y donnent rendez-vous, la réservation peut être considérée comme un rendez-vous d’affaires », explique-t-il. D’ailleurs, le dirigeant souhaite éventuellement faire de chalet à caractère unique un lieu de lac-à-l’épaule. Un projet qu’il caresse pour l’année 2024.
En attendant, le chalet n’est pas le seul élément que peuvent se partager les employés de l’entreprise. « Depuis un an, nous utilisons une application de partage d’objets. Que ce soit un outil, un article de sport ou tout autre accessoire, les employés peuvent accéder à des biens sans devoir les acheter et les laisser traîner dans leur garage. En fait, ce concept de partage fait partie de notre ADN depuis plusieurs années. Ça se poursuit désormais avec le chalet », conclut Sylvain Dion.