Malgré le prétexte de diversification économique avancé, il se cache derrière ses dépenses une stratégie de soft power des plus complexes, via ce qu’on appelle le sportwashing. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. La nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Après avoir lutté férocement contre l’exode de certains des meilleurs golfeurs de la planète vers le nouveau circuit de golf professionnel LIV Golf, le PGA Tour, circuit ayant longtemps eu un quasi-monopole, n’a eu d’autres choix que d’abdiquer.
En temps normal, cette nouvelle aurait fait la manchette du cahier des sports, mais en raison de son importance géopolitique, elle a fait le tour du monde.
Cette fusion n’est qu’une démonstration supplémentaire d’une diversification économique des pays du golfe Persique. Après avoir investi dans des entreprises telles que Boeing, Disney, Bank of America ou Facebook, ils ont maintenant les yeux rivés vers le sport et le football semble être le favori de ces investissements.
Le Qatar a investi plus de 220 milliards de dollars pour l’organisation de la dernière Coupe du monde de football, plusieurs autres milliards pour acheter des équipes légendaires comme le Paris Saint-Germain, Newcastle United ou Manchester City F. C., et quelques centaines de millions pour attirer des athlètes en fin de carrière comme Cristiano Ronaldo ou Karim Benzema.
Malgré le prétexte de diversification économique avancé, il se cache derrière ses dépenses une stratégie de soft power des plus complexes, via ce qu’on appelle le sportwashing.
Le récent succès de la Coupe du monde au Qatar en est un exemple parfait. À la minute où le premier coup de sifflet a retenti, les yeux du monde entier se sont mis à suivre le ballon, plutôt qu’à continuer à demander des comptes au pays hôte concernant les nombreux abus en matière de droits du travail sur les chantiers, de liberté d’expression ou de discrimination envers les différentes communautés.
Avec des centaines de milliards à dépenser et une réputation à redorer, des exemples comme ceux-ci ne font que débuter. Aujourd’hui c’est le sport, demain le cinéma, l’hôtellerie, les médias, l’aviation?
Que l’on soit entrepreneur, investisseur ou client, il est plus que jamais important de considérer, en plus de l’analyse des données financières, les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance des entreprises avec lesquelles nous faisons affaires.
J’ose maintenant espérer que ces investissements influenceront aussi les dirigeants de ces pays à s’ouvrir sur le monde, pas uniquement en achetant tout ce qui bouge, mais en profitant de cette diversification économique pour repenser aux droits de leurs citoyens.