(Photo: Mélissa Jeanty pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Vous êtes-vous déjà demandé si la composition chimique vos produits nettoyants est écoresponsable? Fondée par Nivatha Balendra en 2018, Dispersa utilise les déchets alimentaires pour développer une gamme de biosurfactants naturels qui remplacent les surfactants synthétiques. L’entreprise de Laval se donne la mission d’offrir un moyen économique aux marques d’atteindre leurs objectifs de développement durable en intégrant des composantes sans sulfate, sans huile de palme, biodégradable et non toxique à leur recette.
Nivatha Balendra a fondé Dispersa en 2018. (Photo: courtoisie)
Très sommairement, un surfactant a la fonction de disperser les particules d’huile et est généralement dérivé du pétrole ou de produits chimiques synthétiques. Les biosurfactants, eux, sont des surfactants à base biologique. En moyenne, la production mondiale de surfactants s’élève à 20 millions de tonnes et on les retrouve dans une multitude de produits comme les produits nettoyants, les cosmétiques et les produits d’hygiène personnelle. Plus simplement, ce sont les surfactants qui permettent l’émulsion du savon et des détergents au contact de l’eau. Les biosurfactants développés par Dispersa présentent donc une solution à très haut potentiel pour une grande variété d’industries, mais elle se concentre d’abord sur les produits nettoyants et les soins personnels.
Nivatha Balendra a toujours été passionnée par la science et son application aux enjeux de la société. Ses recherches sur les surfactants ont débuté à la suite du tragique accident ferroviaire de Lac-Mégantic en 2013. Elle était âgée de 17 ans, étudiante au cégep et la question de l’assainissement des sites contaminés par des déversements d’hydrocarbures la rendait perplexe. Alliant sa passion pour la science à son désir d’aider, elle s’est penchée sur la question et en a fait le sujet d’un projet dans le cadre d’une foire scientifique étudiante. Avec l’appui de nombreux professeurs, elle a pu étendre sa portée à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et a découvert comment des microbes pouvaient se nourrir de résidus alimentaires pour créer des biosurfactants. Cette découverte lui a permis de développer des partenariats avec des entreprises du secteur agroalimentaire pour valoriser leurs résidus et donc faire de Dispersa la première entreprise manufacturière de biosurfactants au Canada! Sans fournisseurs locaux, les entreprises canadiennes qui utilisaient des biosurfactants devaient se tourner vers les États-Unis ou l’Europe pour s’approvisionner. Ainsi, Dispersa offre une alternative intéressante qui réduit les coûts d’exploitation, en plus de réduire énormément l’empreinte écologique causée par le transport de ces biosurfactants.
Aujourd’hui, Dispersa occupe des locaux à Laval dans la Cité de la biotech. Elle compte sur une équipe grandissante de sept personnes et s’apprête à conclure d’importants partenariats qui élargiront considérablement sa portée. Elle est d’ailleurs toujours à la recherche d’entreprises agroalimentaires et de restaurants voulant revaloriser leurs déchets alimentaires et éviter ultimement qu’ils se retrouvent dans des sites d’enfouissement. Nivatha a été lauréate du prix Jeune entrepreneur en démarrage du Québec au Gala Arista en 2020 et récipiendaire de plusieurs prix scientifiques tant au Canada qu’à l’étranger. Elle a été conférencière pour TEDx, reconnue comme leader en matière de durabilité par Pollution Probe Award et figure sur la liste des 30 jeunes de moins de 30 ans de Corporate Knights. Et dire que tout a commencé par un projet étudiant! Comme quoi les implications sociales et activités parascolaires doivent continuer d’être encouragées parce qu’ils permettent aux jeunes de découvrir des passions qui sauront les guider tout au long de leur vie.