Rôle des entreprises: un nouveau courant dominant

Offert par Les Affaires


Édition du 23 Février 2019

Rôle des entreprises: un nouveau courant dominant

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Édition du 23 Février 2019

Greta Thunberg [Photo: AFP/Getty Images]

Greta Thunberg a fait un tabac à Davos en janvier en plaidant l’urgence de protéger la planète. Davos, petite ville suisse, mais surtout, réunion des réunions pour la communauté d’affaires internationale, organisée depuis le début des années 1970 par le Forum économique mondial. Si la jeune suédoise a pu tenir ce discours à l’épicentre de la puissance économique, c’est que cette année, finalement, les dirigeants du secteur privé ont pris la mesure de leur responsabilité.

Un exemple, celui du PDG de la pétrolière Total, Patrick Pouyanné, au micro de la chaine française BFM Business : « Notre rôle évolue. C’est un grand débat que nous avons à Davos. Nous ne sommes pas simplement des puissances économiques chargées de faire des profits, de distribuer des produits. Dans notre monde, les sociétés attendent de nous que nous soyons aussi des acteurs de la cité. »

Toute la machine de Davos semblait engagée cette année pour faire comprendre aux chefs d’entreprise à quel point les risques sont partout et qu’il convient d’agir rapidement, fortement, et à l’échelle du système. «Des preuves croissantes de la dégradation de l’environnement aux perturbations causées par la 4e révolution industrielle», le Global Risks Report 2019 fait état des défis collectifs actuels, défis auxquels nous faisons difficilement face du fait de profondes tensions politiques et économiques.

Silvio Dulinsky, membre du comité exécutif du Forum, a résumé le message au monde des affaires en une phrase limpide : « Pour les grandes entreprises, se conformer à la loi ne suffit plus».

Le fondateur du Forum, aujourd’hui encore son président exécutif, Klaus Shwab, explique brutalement à quel point le système mondial est déséquilibré, dans un texte publié au début de février. Son remède pour rétablir un équilibre planétiaire : rendre le système plus éthique, durable, diversifié, inclusif, fondé sur l’ensemble des parties prenantes. « Les élites doivent être des modèles davantage dignes de confiance. En bref, nous devons «re-moraliser» la mondialisation.»

Ah vraiment ? diront certains avec ironie. Les idées défendues à Davos en 2019 sont scandées depuis des décennies dans les courants alter-mondialistes. Au bord du précipice, ces idées autrefois marginales deviennent la nouvelle norme. Partout dans le monde, les entreprises cherchent à redéfinir leur rôle, comme le montre le reportage de notre journaliste et chroniqueur Diane Bérard. Avec le pouvoir viennent de grandes responsabilités. Tenir compte de l’ensemble des parties prenantes, et non seulement des actionnaires, peut passer par la philanthropie, mais l’impact est plus grand quand cette prise en compte est systémique, intégrée dans le modèle d’affaires, réalisent plusieurs. Un mouvement de fonds qu’on avait vu venir et qu’on ne peut désormais plus ignorer. Un courant dominant.

Julie Cailliau
Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires
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@julie140c

À propos de ce blogue

Julie Cailliau est éditrice adjointe et rédactrice en chef du Groupe Les Affaires, dont l’équipe de journalistes chevronnés publie le journal Les Affaires, le site lesaffaires.com et le magazine Les Affaires Plus. Elle est également présidente du conseil d’administration de la Fondation des prix pour les médias canadiens. Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille, en France, Julie a pratiqué le métier de journaliste au sein de plusieurs publications françaises et québécoises. Dans une vie précédente, elle a œuvré à titre d’ingénieure en biotechnologies. Son « why », c’est d’apprendre et d’informer afin de nous permettre de faire les bons choix. La prise de conscience de l’urgence environnementale et l’émergence de l’entrepreneuriat social comptent pour elle parmi les tendances les plus réjouissantes actuellement.