(Photo: Pixabay)
Voici le premier blogue de Francis Nadeau, PDG chez HydraLab, une société offrant des solutions blockchain pour entreprises. M. Nadeau est aussi cofondateur du Blockchain Hub Québec. Dans ce blogue, il nous parlera en termes concrets des défis, tendances et occasions d’affaires en lien avec cette nouvelle technologie.
BLOGUE INVITÉ. Blockchain. Un simple mot qui peut faire augmenter la valeur d’une entreprise à la bourse, faire paraître certaines personnes plus intelligentes si elles connaissaient la suite blockchain buzzwords, créer de nouveaux besoins dans certaines entreprises et d’ajouter un niveau de confiance supplémentaire dans certains processus.
Mais qu’en est-il réellement?
La technologie blockchain permet de transmettre de l’information, de la regrouper en chaînes de blocs et de la sécuriser grâce à des méthodes de cryptage et des protocoles de transmission. Certains consensus, des ententes conclues entre les participants du réseau, permettent aussi d’éliminer les tierces parties. La technologie blockchain agit également à titre de colle pour amalgamer plusieurs autres technologies comme l’Internet des objets, l’intelligence artificielle, les connexions pair-à-pair et bien d’autres. Il demeure toutefois important de se questionner sur la possibilité d’utiliser une base de données standard.
À l’heure actuelle, il y a énormément de bruit dans les médias à propos du phénomène blockchain. Sur le terrain, je vous assure qu’il s’agit d’une toute autre histoire. Mon compte LinkedIn est submergé de contenu relié au blockchain et plusieurs entrepreneurs m’interpellent constamment pour comprendre les bases de ce «nouveau» concept. Est-ce que les articles médiatiques et les conférences actuelles répondent aux questions des gestionnaires? Je dirais que non. Je constate plutôt qu’il y a énormément de marketing qui se fait.
Le Bitcoin est souvent utilisé pour expliquer la technologie blockchain. D’un côté, la comparaison permet de faciliter la compréhension, mais de l’autre, elle limite la conception des gens aux monnaies virtuelles et aux artifices négatifs s’y rattachant. De même, ce ne serait pas logique d’expliquer Internet en faisant uniquement référence à eBay.
La technologie de la chaîne de blocs a un potentiel bien plus grand que celui de chambouler le marché financier actuel. Plusieurs le disent, l’Internet a permis de rapprocher les entités. La technologie blockchain permettra quant à elle d’ajouter un niveau de confiance entre elles.
J’observe que l’apprivoisement du blockchain se décline en quatre phases : la compréhension des monnaies virtuelles, la compréhension du potentiel lié à la traçabilité, la compréhension du potentiel lié aux contrats intelligents et la compréhension de l’arrivée des applications décentralisées. Le potentiel et les opportunités sont exponentiels lorsqu’on passe d’une phase à l’autre. C’est définitif, il y a des modèles d’affaires à revoir.
Les premières vagues
Mondialement, il n’y a pas énormément d’utilisations du blockchain en dehors des nombreux projets exploratoires. Son application à une échelle industrielle demeure encore très difficile.
Les principaux projets exploratoires observés sont les suivants :
BC diploma permet d’authentifier des diplômes universitaires afin que les utilisateurs à travers le monde puissent prouver l’exactitude de leur diplôme.
De son côté, Axa a lancé un système d'assurance pour les vols d’avion qui permet d'indemniser automatiquement le voyageur en cas de retard.
Carrefour a développé une application permettant d'assurer la traçabilité de produits agricoles comme le poulet d'Auvergne.
Walmart a développé une interface pour observer le cheminement des mangues et, plus récemment, celui de la laitue aux États-Unis.
Pour ce qui est du monde des ICOs (le concept palliant les IPOs dans l’écosystème blockchain), il y a énormément de projets en développement. Encore une fois, j’y vois beaucoup de marketing. Il faut être réaliste : plusieurs projets vont mourir, car il n’y a pas de demande provenant de la clientèle. Par contre, à l’opposé, certains projets vont devenir des leaders mondiaux.
Une percée dans les chaînes d’approvisionnement
L’adoption du blockchain dans l’industrie alimentaire se fait plus rapidement qu’ailleurs comme le niveau d’intégration y est inférieur, en raison du produit qui devient « l’identité ». En fait, la sérialisation unique permet de concevoir un pedigree complet du cycle de vie d’un produit.
On parle déjà depuis plusieurs années d’industrie 4.0. La mise en place de capteurs connectés est fondamentale pour l’ensemble des entreprises désirant contribuer a un réseau de chaînes de blocs ou en concevoir un. D’autant plus que les participants doivent standardiser leur façon de partager leur information. Ce scénario « parfait » est difficile à mettre en place. Il nécessite un marché propice, des entreprises championnes et une clientèle qui juge important d’obtenir ce niveau de sécurité et de transparence. Je pense par exemple à Tesla qui voudrait connaître le pedigree complet des pièces utilisées et être en mesure de cibler précisément les véhicules à rappeler en cas de défaillance. Une entreprise pharmaceutique pourrait également désirer certifier l’historique de température d’un médicament dans les chaînes d’approvisionnement à froid.
Si je constate une adoption préliminaire plus rapide du blockchain dans les chaînes d’approvisionnement il y a encore un grand retard en ce qui concerne l’instrumentation connectée. Une fois bien intégré, nous pouvons envisager des chaînes d’approvisionnement intelligentes qui impacteront positivement plusieurs vecteurs de croissance de notre société.
Tsunami à l’horizon
On a souvent droit à de grandes promesses avec les nouvelles technologies. Rassurez-vous, vous pouvez catégoriser la technologie blockchain comme une évolution charnière. Bientôt, nous verrons apparaître le porte-monnaie numérique du futur permettant d’emmagasiner différents actifs et documents légaux, de nouvelles formes de testaments digitaux intelligents, des produits incluant un pedigree complet, des assurances intelligentes, des organismes de charité ouverts et, souhaitons-le !, un gouvernement plus transparent.
Bien que le marché ne soit pas encore mature, nous vivrons le même phénomène qu'avec la bulle Internet du début des années 2000.
Les technologies émergentes transforment nos vies, nos sociétés et nos économies. Il faut s’entraider afin de faire évoluer nos entreprises d’ici.