Sous certains aspects, l'usine d'aujourd'hui a déjà des allures futuristes. La chaîne de montage est robotisée, et les machines sont souvent munies de senseurs. En entrevue, Luc Faucher, directeur de l'Institut technologique de maintenance industrielle (ITMI), explique pourquoi il est essentiel d'avoir une usine à jour en 2016-2017, et lève le rideau pour nous laisser entrevoir l'usine de l'avenir.
La maintenance prédictive par les senseurs
Jusqu'à tout récemment, la durée de vie utile d'une pièce en usine était recommandée par le fabricant. «Récemment, raconte Luc Faucher, j'ai travaillé avec une usine qui changeait une pièce en particulier après 2 000 heures d'utilisation, parce que c'est ce qui était prescrit par le fabricant. Donc toutes les 2 000 heures, la chaîne de montage s'arrêtait et on payait à nouveau pour une pièce neuve. Avec l'ITMI, un Centre collégial de transfert de technologie (CCTT), on a installé des senseurs et fait des tests pour voir si ça reflétait la réalité. On a d'abord réussi à utiliser la pièce pendant 3 000 heures sans que les senseurs indiquent de problème. On a monté comme ça à coup de 1 000-2 000 heures en testant constamment. Et finalement, dans le contexte d'utilisation de l'usine, on a prédit que la pièce pouvait fonctionner pendant 10 000 heures avant d'être changée! C'est 5 fois moins d'arrêts de la chaîne de production, et c'est 5 fois moins de pièces neuves à acheter.» Cette expérience décrit bien le passage d'une maintenance industrielle préventive, qui change des pièces par prudence, à une maintenance industrielle prédictive, qui s'outille pour prédire le moment optimal pour remplacer une pièce.
Être compétitif dans un marché mondial
Luc Faucher est catégorique, le domaine industriel québécois doit mettre ses usines à jour pour offrir des pièces à un coût compétitif avec les pays comme la Chine et conserver des marges de profit intéressantes. «Ce qui freine les entreprises, surtout les PME, précise-t-il, c'est souvent l'absence de budget, le manque de connaissances technologiques et la peur de devoir couper des emplois au profit d'une automatisation. Or si l'entreprise améliore ses processus, elle sera plus en mesure d'innover et de se développer, pour créer de l'emploi. Au sujet des connaissances technologiques et des budgets, l'ITMI offre un service d'accompagnement subventionné qui permet d'opérer ces changements à coût moindre, et avec des résultats impressionnants!» Ils seront abordés lors de la conférence Maintenance et fiabilité industrielles du 24 janvier 2018 présentée par les Événements Les Affaires.
Entrevoir l'usine de l'avenir
Selon Luc Faucher, l'usine de l'avenir est à nos portes. «Depuis environ un an, on parle de l'usine 4.0. Une usine où la communication se fait de machine à machine et où interviennent non seulement les objets connectés, mais les bases d'une intelligence artificielle.» Les machines d'une usine pourront en effet analyser des situations et prendre des décisions sur la façon de se comporter entre elles. Cette usine de l'avenir, Luc Faucher l'a entrevue cet été dans les installations de BMW au cours de la mission Québec en Allemagne. «En fait presque, corrige-t-il, mais c'est vrai que l'Allemagne est très avancée en termes de maintenance prédictive. Ils arrivent à produire des pièces dont le prix est compétitif avec les prix chinois, et dont la qualité est toujours fidèle à la renommée allemande.» Sur ce modèle, le secteur industriel québécois peut donc espérer une prospérité bienvenue, s'il s'ajuste aux technologies disponibles à temps.