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L’idée de prendre la parole en public vous terrorise? Les nouvelles tâches qui vous ont été récemment assignées vous rendent inconfortable? Ne vous en faites pas, vous êtes un être humain, tout ce qu’il y a de plus normal.
L’humain a toujours eu horreur du changement, particulièrement de l’inconnu. Souvent, l’arrivée d’un nouvel élément implique une modification des règles, qui, elle, force l’adoption de nouvelles actions et, par conséquent, de nouveaux apprentissages. Tous ces bouleversements peuvent nous figer sur place et nous empêcher d’apprendre.
Albert Einstein a dit ceci: «la connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information». Il avait parfaitement raison. On apprend peu si l’on répète sans cesse les mêmes expériences; en revanche, plus nos essais sont novateurs et déstabilisants, plus nos chances d’en retirer quelque chose de concret s’agrandissent.
Les chercheurs nomment cette manière d’apprendre «apprentissage expérientiel». L’apprentissage expérientiel implique une prise de risques forcément incommodante, mais aussi, avec recul, une réflexion approfondie par rapport aux actions posées. C’est cette réflexion qui permet la cristallisation de nouveaux apprentissages. Bref, on apprend en faisant concrètement les choses.
L’exemple que j’utilise régulièrement en conférence est celui de l’enfant qui, soutenu par ses parents, plonge dans une piscine pour la première fois. Le tout-petit est généralement craintif, voire effrayé, à l’idée de s’immerger dans l’eau, mais malgré la peur, il se lance. En prenant ce risque, le bambin en retire immédiatement d’importants apprentissages. À partir du deuxième saut, la peur diminue jusqu’à ce qu’elle s’estompe complètement… et qu’elle soit ravivée par un autre défi.
L’enfant peut ainsi passer à une étape supérieure et affronter un saut du tremplin de 3 mètres avec plus de sérénité. Avec une bonne préparation et une dose de courage, un jour, il pourra même se lancer de la tour de 10 mètres.
Comme vous pouvez le constater, il s’agit de se placer dans des situations parfois inconfortables afin d’apprendre et de devenir plus sûr de soi.
En ce qui me concerne, mes tremplins (ou défis) ont toujours résidé dans la prise de parole en public. Plus jeune, j’étais apeuré à la simple idée de m’exprimer dans le cadre d’un exposé oral à l’école. De manière méthodique, je me suis engagé à prendre la parole publiquement. J’ai donc appris à nager.
Ultérieurement, j’ai accepté le rôle d’auxiliaire en enseignement alors que j’étais un humble étudiant à l’université. Ce fut mon tremplin de 3 mètres. Si je n’avais pas pris ce risque, je n’aurais jamais eu l’opportunité de transmettre mon savoir. Non seulement les expériences permettent l’acquisition de nouveaux apprentissages, mais elles légitiment l’accession à de nouvelles fonctions. J’ai d’ailleurs longtemps souffert du syndrome de l’imposteur et, bien sûr, j’ai enregistré quelques ratés au passage…
Aujourd’hui, je passe au tremplin de 10 mètres. En effet, je vais animer une toute nouvelle série télévisée! Si vous m’aviez annoncé cela il y a quelques temps, je ne vous aurais jamais cru. Voilà une preuve éloquente qu’en vous jetant tête première dans de nouvelles aventures, en vous servant de ces expériences pour développer de nouvelles habiletés, vous pourrez avoir de belles surprises.
Sortir de sa zone de confort est une expression surutilisée ces jours-ci, mais elle demeure la plus appropriée pour décrire l’apprentissage expérientiel. En y allant de façon systématique, un tremplin à la fois, vous vous épaterez vous-mêmes.
Allez. Plongez, vous y arriverez!