Dans une récente table éditoriale à «Les Affaires», le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, a indiqué qu’il souhaite mieux positionner le Québec dans la chaîne de valeur mondiale pour fabriquer de l’acier vert. (Photo: 123RF)
ANALYSE ÉCONOMIQUE. La nouvelle est passée sous le radar ce jeudi en raison de l’éclipse médiatique entourant le fameux projet loi 69 sur l’énergie: la filière batterie n’est plus la saveur du mois au Québec, du moins si l’on analyse le profil des 11 entreprises qui se partageront le nouveau bloc d’électricité de 400 à 500 mégawatts (MW). Près de la moitié d’entre elles produisent ou transforment des minerais et des métaux.
En novembre, lors de l’attribution du dernier bloc d’électricité de 956 MW, la part du lion en termes de nombre d’entreprises et de MW distribués était allée à la filière batterie, selon une analyse effectuée par Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.
Ainsi, sur les 11 projets, cinq liés à la filière batterie avaient alors décroché 641 MW, ce qui représente 67% de la puissance installée de 956 MW. À lui seul, le bloc attribué à Northvolt, qui est en train de construire une usine de fabrication de cellules de batteries à Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie, représentait 37% du total.
Cette fois-ci, sur les 11 entreprises qui se partageront le nouveau bloc de 400 à 500 mégawatts (la puissance installée nous a été confirmée jeudi en entrevue par le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon), seulement trois sont associées à la filière batterie.
Il s’agit de Technologies Lithion, de Vale Canada et de Réseau Allégé Québec.
Cette fois, la part du lion va à cinq entreprises liées la production et la transformation de minéraux, ce qui regroupe l’aluminium ainsi que les mines et métaux, selon les catégories du ministère de l’Économie, de l’innovation et de l’Énergie (MEIE).
Toutefois, la ventilation des blocs d'électricité en termes de puissance installée n'est pas connue pour l'instant.
On parle ici de gros noms bien connus pour la plupart :
- Aluminerie Alouette, à Sept-Îles (aluminium, transformation d’alumine)
- ArcelorMittal, à Port-Cartier (mines et métaux, production de boulettes de fer)
- Glencore, à Rouyn-Noranda (mines et métaux, transformation de cuivre)
- Minerai de Fer Québec, à Fermont (mines et métaux, production de minerai de fer)
- Shango Canada, à Port-Cartier (mines et métaux, broyage adapté à la production de minerais)
Un intérêt marqué pour les MCS
Ces projets ont en commun d’évoluer dans ce qu’on pourrait appeler la grande filière des minéraux critiques et stratégiques au Québec (MSC).
Au Québec, le gouvernement de François Legault a identifié 28 minéraux de ce genre dans le Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques (2020 2025).
On y retrouve 11 minéraux critiques qui sont nécessaires pour approvisionner les usines québécoises du secteur de la transformation, dont le cuivre.
Quant à eux, les 17 minéraux stratégiques sont liés en grande partie à la transition énergétique, comme le lithium et le graphite. Ils incluent également les minéraux stratégiques ayant «un bon potentiel de mise en valeur au Québec », dont le fer de haute pureté (à un niveau d’au moins 67%).
Dans une récente table éditoriale à Les Affaires, Pierre Fitzgibbon a indiqué qu’il souhaite mieux positionner le Québec dans la chaîne de valeur mondiale pour fabriquer de l’acier vert.
Au cours des 12 derniers mois, on peut comprendre que Québec ait privilégié la filière batterie, et ce, afin de maximiser les chances que cette nouvelle grappe industrielle prometteuse prenne bien son envol.
En même temps, on peut aussi comprendre les grincements de dents dans d’autres secteurs de l'économie qui avaient l’impression que la filière batterie était la saveur du mois à Québec.
La nouvelle attribution des blocs d’électricité annoncée ce jeudi témoigne d’un meilleur équilibre entre différents secteurs de l’économie, incluant les nouveaux et les plus anciens.
On parle ici de l’aluminium, des mines et métaux, de la filière batterie, des bioénergies, de la chimie verte ainsi que de la fabrication de matières non tissées (par exemple, des membranes d'étanchéité).