Nynelle Dongmo Zambou (Photo: courtoisie)
GÉNÉRATION D'IMPACT. Les Affaires vous présente les leaders de demain de la deuxième cohorte de Génération d’impact, un programme de formation d’intrapreneurs chapeauté par la Jeune Chambre de commerce de Montréal et Fondaction, avec l'accompagnement du Pôle IDEOS-HEC Montréal.
Présentation
Nom: Nynelle Dongmo Zambou
Fonction: Conseillère épargne collective
Entreprise: Flexifonds, Fonds de solidarité FTQ
Questions-réponses
Les Affaires: Quel est le défi que vous souhaitez relever dans le cadre de Génération d'impact?
Nynelle Dongmo Zambou: Mon défi est d’apporter du conseil financier auprès des personnes déficientes sensorielles.
Mon organisation promeut l’importance d’une retraite décente pour chaque Québécois.
Choisir d’investir en nous, c’est aussi favoriser l’accès à une bonne éducation financière pour tous.
Dans ma position d’alliée pour la diversité l’équité et l’inclusion pour Flexifonds de Solidarité FTQ, j’ai mis sur pied ce projet pour contribuer à un «Nous» encore plus inclusif, pour ne laisser personne derrière.
L.A.: Qu'est-ce qui vous a poussé à vouloir agir sur ce problème?
N.D.Z.: Mon parcours de vie ainsi, que ma position d’alliée EDI, m’ont amené à élargir la notion de minorité, celle qui n’a pas de couleur, qui est parfois invisible ou silencieuse, mais qui mérite d’être écoutée: l’inquiétude financière d’un être cher avec un handicap moteur ou cognitif grandissant, ou encore la vulnérabilité d’un enfant neuro-atypique dans un monde en constant changement.
En effet, 80% des informations que nous transmettons sont visuelles ou auditives; tandis que le Québec compte plus de 100 000 personnes atteintes de cécité totale ou partielle, dont une très forte majorité qui vit sous le seuil de la pauvreté, selon un rapport de la fondation des aveugles du Québec.
Je suis convaincue que la prise en compte des facteurs limitant l’éducation financière des minorités fera une grande différence pour une économie socialement responsable.
Pour relever ce défi, nous avons choisi d’effectuer des rencontres de sensibilisation à la finance personnelle, au sein même des organismes dédiés aux personnes déficientes sensorielles.
Il s’agit donc, de concevoir du contenu pertinent selon le besoin de cette audience, ce qui inclut adapter et varier nos modes de communications. Par exemple introduire un traducteur en langage des signes québécois (LSQ )ou encore la vidéodescription.
La réalisation de ce projet nous permet de générer une répercussion directe sur des communautés encore marginalisées, et sensibiliser notre organisation sur l’intérêt d’un modèle de communication plus inclusif. J’aimerais éliminer les barrières pour favoriser l’inclusion, car nous faisons tous partie du changement de regard sur la différence.
L.A.: Qu'est-ce que ça prend d'après vous pour être un bon intrapreneur?
N.D.Z.: L’intrapreneur par définition évolue au sein d’une organisation. Par conséquent, un environnement de travail propice à l’innovation ainsi que le soutien de la hiérarchie sont indispensables.
Un gestionnaire apte à la gestion du changement, qui valorise le potentiel des employés, est un atout.
L’intrapreneur(e) doit également développer son leadership, oser se débarrasser des obstacles qui lui barrent la route.
Toutes les organisations ont un agenda stratégique propre. Il faut de la persévérance et de la diplomatie pour faire entendre ses idées.
Enfin, la passion et de la créativité : être axé(e)vers des solutions, ouvert(e) à l’expérimentation, naturellement motivé(e) par le changement positif. Tout comme en entrepreneuriat, les échecs font partie du processus d’apprentissage, mais n’arrêtent pas le progrès.
L.A.: D'après vous, quels sont les grands défis du monde des affaires du Québec inc.? Qu'est-ce qui doit demeurer sur leur radar?
N.D.Z.: Dans le secteur financier, on note bien sûr l’essor de plus en plus important de l’intelligence artificielle et des «fintechs» (start-ups de l’industrie financière). La transformation numérique apporte donc un défi de compétitivité, mais aussi un défi de régulation de cette industrie. Dans un contexte économique de plus en plus sensible à la RSE (responsabilité sociale des entreprises) il est important pour les entreprises de garder l’humain au cœur de la croissance et du développement.
Par ailleurs, l’engagement soutenu visant l’accueil, l’intégration, l’accompagnement et le cheminement pour les groupes marginalisés (EDI) reste mal intégré au sein des organisations. Trop souvent perçu comme une contrainte sociale, l’EDI présente un levier de performance opérationnelle devenu indispensable pour les entreprises innovantes.
L.A.: Si vous aviez une baguette magique, à quoi ressemblerait l'employeur idéal? Que ferait-il de différent de ce que vous observez sur le marché?
N.D.Z.: Avec une mission sociale forte, l’employeur idéal créé une communauté intrapreneuriale reconnue et dynamique au sein de ses équipes.
Il crée le cadre favorable à l’émergence des solutions par «les employés». Ces derniers deviennent des ambassadeurs naturels où l’authenticité est valorisée.
Enfin, les indicateurs de performance des entreprises évoluent à travers les critères ESG. Pourquoi ne pas concevoir des indicateurs similaires pour l’évaluation de performance des employés? En définissant pour nous même ce qui a de la valeur, nous avons le pouvoir de construire un meilleur monde du travail.
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