Les cinq plus hauts dirigeants de Québécor se sont partagé 13,8 M$ en 2023, selon des documents réglementaires envoyés aux actionnaires de la société montréalaise. Cela représente une augmentation de 115% par rapport à l’an dernier. (Photo: La Presse Canadienne)
L’acquisition de Freedom Mobile pourrait être payante pour les cinq principaux dirigeants de Québecor qui voient leur rémunération plus que doubler grâce à une bonification de leur programme d’options d’achat.
Les cinq plus hauts dirigeants se sont partagé 13,8 millions de dollars (M$) en 2023, selon des documents réglementaires envoyés aux actionnaires de la société montréalaise. Cela représente une augmentation de 115% par rapport à l’an dernier.
La hausse s’explique principalement par une augmentation de la rémunération incitative à long terme octroyée sous forme d’options d’achat, qui passe de 1,9 M$ en 2022 à 8,8 M$ en 2023.
«Le conseil a approuvé un octroi spécial dans le cadre de l’acquisition de Freedom et en lien avec son intégration à certaines personnes clés», explique la société dans le document.
Il s’agit toutefois d’une estimation. Les dirigeants ne touchent pas immédiatement cette portion de 8,8 M$ de leur rémunération. La valeur pourrait éventuellement être différente, de nulle à supérieure, selon la valeur des options et l’atteinte de certains objectifs.
À l’exception du président et chef de la direction, Pierre Karl Péladeau, les autres quatre dirigeants ont chacun obtenu une «autre rémunération» de 50 000 $ pour tenir compte du «travail supplémentaire» en lien avec l’acquisition de Freedom.
En avril l’an dernier, Québecor a conclu l’acquisition deFreedomMobile pour un montant de 2,85 milliards de dollars (G$). La transaction offre à la société mère de Vidéotron un tremplin pour prendre de l’expansion à l’extérieur du Québec dans le secteur des télécommunications.
«Le nombre de Canadiens rejoints par notre réseau mobile est passé, en 2023, de 7,5 millions (ou 20% de la population canadienne) à plus de 26 millions (ou 70% de la population canadienne), augmentant ainsi considérablement notre marché cible», commente Québecor dans le document.
La famille Péladeau
La famille Péladeau garde le contrôle sur l’avenir de la société fondée par Pierre Péladeau. Pierre Karl Péladeau, son fils, contrôle près de 76% des droits de vote de l’actionnariat grâce aux actions à votes multiples.
La valeur des actions de Québecor détenues par M. Péladeau représentait 2,4 G$, en date du 31 décembre.
En 2023, M. Péladeau a touché une rémunération totale de 4,9 M$, en hausse de 57% par rapport à l’an dernier. Encore une fois, cette hausse est principalement attribuable aux options d’achat. La rémunération comprend les 423 000 $ qu’il a obtenus pour assurer l’intérim à la tête du Groupe TVA.
Deux autres frères de M. Péladeau sont de hauts dirigeants de la société.
Le vice−président de la convergence opérationnelle chez Québecor Média, Jean B. Péladeau, a obtenu une rémunération totale de 1,9 M$.
Administrateur de la société, Érik Péladeau a obtenu une rémunération de 920 700 $. La grande majorité, soit 761 000 $, a été versée sous forme d’une rente de retraite pour ses 32 années de services au sein de l’entreprise.
M. Mulroney était toujours actif
L’ancien premier ministre Brian Mulroney est resté actif au sein de l’entreprise en 2023 en tant que président du conseil, malgré des ennuis de santé.
Décédé en février dernier, M. Mulroney a assisté à quatre des six réunions du conseil d’administration. Il a touché une rémunération de 770 000 $ en 2023 pour ses services.
M. Mulroney était administrateur de la société depuis 20 ans et il présidait le conseil d’administration de Québecor depuis 2014. Pierre Karl Péladeau a mentionné à plusieurs reprises qu’il considérait M. Mulroney comme un mentor.
En entrevue à Radio−Canada en mars, M. Péladeau racontait que M. Mulroney s’intéressait toujours aux activités de Québecor, malgré ses ennuis de santé. Il racontait lui avoir parlé au téléphone plusieurs fois par semaine dans les premières semaines de l’année 2024. «La dernière conversation que j’ai eue avec lui, il se préoccupait de l’assemblée des actionnaires qui allait avoir lieu (le 9 mai). Il pensait bien pouvoir y assister. Il a toujours fait ça avec plaisir, avec doigté, mais avec humour aussi.»
Stéphane Rolland, La Presse Canadienne