Le dollar canadien a chuté à un creux de 75,62¢US jeudi, rejoignant son plus bas niveau depuis le 4 novembre. (Photo: La Presse Canadienne)
Toronto — La plus forte hausse de taux d’intérêt de la Banque du Canada en 24 ans a fait chuter le huard à un creux de 20 mois, alors que les investisseurs craignent que la Réserve fédérale américaine décide d’imiter la banque centrale canadienne en annonçant une hausse d’un point de pourcentage complet dans deux semaines.
Le dollar canadien a chuté à un creux de 75,62 cents américains (¢ US) jeudi en début de séance, rejoignant son plus bas niveau depuis le 4 novembre 2020 avec une baisse de près de 1 ¢ US et demi par rapport à son cours de 77,07 ¢ US de la veille.
Erik Bregar, directeur de la gestion des risques liés aux devises et aux métaux précieux chez Silver Gold Bull, a souligné que la probabilité que la Fed augmente les taux d’un point de pourcentage était passée à 90% depuis que la Banque du Canada l’a elle-même fait. Les observateurs s’attendaient généralement à ce que la banque centrale canadienne relève son taux directeur de trois quarts de point de pourcentage.
«Et donc cela a, en quelque sorte, allumé un feu sous le dollar (américain) en général, et a fait baisser les matières premières, a fait baisser le S&P et je pense franchement que cela a pris tout le monde au dépourvu», a-t-il affirmé lors d’une entrevue.
M. Bregar a noté que le huard se trouvait à un «tournant critique» — il peut se redresser à partir de ce creux ou chuter encore plus, puisqu’il n’y a techniquement plus grand-chose pour empêcher une baisse plus importante.
«Nous sommes en quelque sorte suspendus à une petite falaise ici. Le marché doit, en quelque sorte, nous montrer qu’il peut se redresser. Sinon, nous allons probablement descendre beaucoup plus bas.»
La devise s’est partiellement redressée jeudi à 76,12 ¢ US dans les échanges de l’après-midi après que le gouverneur Christopher Waller, de la Fed, a indiqué que le marché «se concentrait peut-être trop sur des événements futurs».
Il a dit qu’il attendait les données sur le logement et les ventes au détail aux États-Unis avant de décider de soutenir ou non une augmentation supérieure à celle attendue, qui serait de trois quarts de point de pourcentage.
Le dollar américain, qui a pris de la valeur alors que plusieurs s’inquiètent d’une récession, a encore gagné du terrain par rapport à la plupart des principales devises, principalement en raison de la hausse des rendements à court terme dans la foulée de la publication de données faisant état d’une inflation annuelle de 9,1% aux États-Unis en juin, son niveau le plus élevé en plus de 40 ans.
«Le dollar américain reste si vigoureux qu’aucune devise ne défie sa force», a affirmé Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank SA.
Le stratège en chef des devises de la Banque Scotia, Shaun Osborne, a estimé que «l’aversion au risque» faisait baisser le dollar canadien après la décision audacieuse de la Banque du Canada.
«Un (pétrole) brut plus faible peut peser sur le sentiment du dollar canadien à la marge, mais ce serait dur, étant donné qu’un brut plus fort a à peine aidé le dollar canadien au cours des derniers mois», a-t-il écrit dans un rapport.
Les inquiétudes au sujet de la direction du huard pourraient s’appuyer sur les perspectives d’atterrissage en douceur de la banque centrale alors qu’elle augmente les taux, mais cela n’explique pas le grand mouvement de jeudi, puisque des inquiétudes similaires existent par rapport au scénario d’atterrissage en douceur de la Réserve fédérale américaine, a-t-il noté.
La faiblesse du dollar canadien en début de séance s’est accompagnée de la chute du cours du pétrole brut à un creux de 90,56 $ US, son plus bas niveau depuis février. Il a ensuite remonté pour terminer la journée à 95,78 $ US.