En 2019, pas moins de 92 % des entreprises comptaient réaliser des investissements technologiques dans un horizon de deux ans. Mais ça, c’était avant la pandémie, l’inflation galopante qui a suivi, et qui sévit toujours, ainsi que de l’aggravation de la pénurie de main-d’œuvre. Résultat, cette proportion est aujourd’hui descendue à 76 %.
C’est l’un des principaux constats qui ressort de la septième édition du Portrait des TI dans les petites, moyennes et grandes entreprises canadiennes, étude réalisée par Groupe Novipro et Léger.
« Il semble que l’inflation est un facteur qui influence les décisions d’investissements en technologie », dit Martin Pelletier, chef de la stratégie chez Novipro. Ce dernier s’exprimait jeudi midi dans le cadre d’un webinaire organisé par Les événements Les Affaires.
En effet, 69 % des répondants affirment que l’inflation a eu un impact sur leurs investissements en technologie, et 68 % disent la même chose pour le télétravail, alors que la pénurie de main-d’œuvre a eu un impact pour 66 % des entreprises.
À cet égard, la pénurie fait mal. Attirer des talents en technologie représente une difficulté pour 37 % des répondants à l’étude de Novipro. Et la même proportion déclare avoir de la difficulté à les retenir une fois en poste.
Les conséquences de cette dure réalité qui frappent autant les PME que les plus grandes entreprises sont évidemment nombreuses. Et elles coûtent cher. « Pour remplacer un employé perdu en technologie de l’information, ça coûte trois fois son salaire », illustre Martin Pelletier.
L’étude, menée en mars auprès de plus 500 entreprises canadiennes, révèlent également que le Québec traîne de la patte face à la perception même des TI dans les entreprises. 76 % disent qu’elles sont impliquées dans la définition des stratégies de l’entreprise, alors que cette proportion est de 83 % en Ontario et 87% ailleurs au Canada.
Bien que 44 % des entreprises sondées perçoivent les technologies de l’information comme un investissement, les données permettent également d’apprendre que 28 % d’entre elles les considèrent soit comme une dépense, soit comme un mal nécessaire.
Encore ici, les conséquences peuvent être catastrophiques pour les entreprises, tant par rapport à leur performance et leur compétitivité qu’à leur sécurité.
Environ 22 % des entreprises canadiennes disent avoir été victimes d’une attaque informatique. Et 57 % confient avoir payé la rançon demandée. Le prix moyen : 500 000 $. Ce qui inclut le coût de la rançon, celui des ressources additionnelles et celui des pertes occasionnées.
Mais alors que les risques de cyberattaques ne cessent d’augmenter, seulement 41 % des entreprises investiront en confidentialité des données, 33 % en sauvegarde, 29 % en sensibilisation et 26 % en vulnérabilité.
« Ce sont des statistiques qui m’inquiètent. Ce n’est pas assez », dit Éric Cothenet, concepteur de solutions d’entreprises chez Novipro. « On ne peut jamais baisser les bras, il faut toujours être prêt à se défendre », ajoute-t-il, rappelant au passage que seulement 55 % des entreprises ont un «VPN» sécurisé.
Et seulement 43 % ont une assurance pour couvrir ce genre d’incident. Mais, pour en obtenir une, elles doivent démontrer qu’elles font les investissements nécessaires pour se protéger.
Le leader qui traîne de la patte
Fait : le Québec, notamment Montréal, est l’un des leaders mondiaux en recherche sur l’intelligence artificielle. Contradiction : le Québec traîne de la patte dans l’implantation de l’IA. Même que 18 % des entreprises croient que l’IA n’aura pas d’impact dans leur secteur d’activité.
Alors que 63 % des entreprises ontariennes ont amorcé une transition vers l’IA, cette proportion chute à 45 % dans la belle province.
Pourtant, bien que 54 % des entreprises canadiennes qui ont investi dans l’IA disent avoir obtenu des résultats positifs, un faible 13 % prévoit investir dans ce domaine au cours des deux prochaines années. 36 % prévoyaient le faire en 2019.
« Cette statistique souligne l’importance de sensibiliser les entreprises aux possibilités et aux défis liés à l’analyse de données avancées et à l’intelligence artificielle, dit Gilbert Fortin, représentant ventes et solutions chez Novipro. Alors que certaines industries se positionnent en tant que précurseurs dans l’adoption de ces technologies, d’autres ont peut-être besoin de plus d’informations et de ressources pour comprendre comment elles peuvent bénéficier de ces avancées technologiques et s’y préparer efficacement. »