L’avocate de 184 anciens modérateurs de contenu pour Facebook au Kenya qui poursuivent la société mère du site pour des questions de conditions de travail et de salaire a déclaré lundi au tribunal que Meta n’avait pas fait preuve de bonne foi dans ses tentatives pour conclure un règlement à l’amiable, proposé lors de la dernière audience.
Me Mercy Mutemi a déclaré que les pourparlers avaient échoué et que les anciens modérateurs voulaient maintenant intenter une poursuite contre Meta pour outrage au tribunal. L’avocate a soutenu que Meta n’était «pas sincère» dans les tentatives pour conclure un règlement à l’amiable.
Les modérateurs étaient employés par Sama, un sous−traitant de San Francisco, pour travailler au pôle de Meta à Nairobi, la capitale kényane. Leur travail consistait à filtrer le contenu des utilisateurs dans 12 langues africaines et à supprimer tous les téléchargements jugés contraires aux normes et conditions de service de la communauté Facebook.
Certains des demandeurs ont déclaré à l’Associated Press que leur travail les obligeait à regarder des contenus horribles huit heures par jour, tout en étant payés 60 000 shillings kényans, soit 414 $ US par mois. Ils accusent le sous−traitant Sama de ne pas faire grand−chose pour garantir que des soins professionnels post−traumatiques soient offerts aux employés bouleversés par ce qu’ils ont dû visionner en ligne. Ils réclament 1,6 milliard $ US d’indemnisation.
Les avocats de Meta et de Sama ont déclaré au tribunal qu’ils croyaient que la médiation progressait bien, après de longues heures de pourparlers, jusqu’à ce que l’avocate des demandeurs leur écrive pour se plaindre.
Le juge Nduma Nderi a déploré l’«opportunité ratée» par les parties de trouver un terrain d’entente plutôt que de laisser le tribunal trancher le litige.
Les parties comparaîtront maintenant le 31 octobre sur la requête visant à reconnaître Meta et Sama coupables d’outrage au tribunal.
Il s’agit de la première contestation judiciaire connue de ce type contre Facebook en dehors des États−Unis. En 2020, Facebook avait accepté de verser 52 millions $ à des modérateurs de contenu américains qui avaient intenté une action collective après avoir été exposés à des décapitations, des agressions sexuelles d’enfants, de la cruauté envers les animaux, des actes terroristes et d’autres contenus particulièrement perturbants.
Facebook et Sama ont défendu leurs pratiques d’emploi.
Evelyne Musambi, The Associated Press