Le gouvernement Trudeau s’attaque de front au problème criant de vols de véhicules au Canada.
Il a dévoilé lundi un plan d’action national «robuste» pour lutter contre ce phénomène problématique et répandu. L’annonce s’est déroulée simultanément à Brampton, en Ontario, et à l’aéroport international Montréal−Trudeau.
En Ontario, la vice−première ministre, Chrystia Freeland, était accompagnée des ministres Dominic LeBlanc (Sécurité publique) et Arif Virani (Justice), et au Québec l’annonce a été effectuée par les ministres François−Philippe Champagne (Innovation, Sciences et Industrie) et Pablo Rodriguez (Transports).
Ce plan d’action recense diverses «solutions concrètes» qu’appliqueront les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, ainsi que leurs partenaires, en respect de leurs rôles, priorités et responsabilités respectives.
Les ministres Champagne et Rodriguez ont d’ailleurs prononcé à plusieurs reprises le mot «collaboration» dans leur conférence de presse à Montréal, insistant sur l’importance du travail d’équipe, notamment avec les forces policières et les autorités portuaires et ferroviaires, sans oublier les constructeurs.
«On annonce des solutions concrètes à un problème qui touche plus de 90 000 Canadiens chaque année, ce qui est énorme. Ça porte évidemment atteinte à la sécurité publique, mais aussi à la sécurité des personnes. C’est devenu de plus en plus un revenu pour le crime organisé. Ça ne peut plus continuer, ça doit se terminer maintenant, a déclaré M. Rodriguez.
«Pour régler un problème comme celui−là, ce n’est pas l’affaire d’une seule personne, ça prend tout le monde autour de la table pour trouver des solutions, se relever les manches et travailler ensemble. C’est ce qu’on démontre avec ce plan. On a chacun notre rôle à jouer.»
Le député d’Honoré−Mercier a aussi lancé une petite pointe bien sentie envers le chef conservateur, Pierre Poilievre.
«On dirait qu’il s’imagine dans un vieux film de série B, il débarque et il dit: “Hey, les méchants, je suis Pierre Poilievre, arrêtez de voler des chars!” Mais ça ne se passe pas de même, c’est beaucoup plus compliqué. Dans la vraie vie, ça prend des vraies solutions. Poilievre fait un “show” de boucane, nous, on apporte des solutions concrètes en travaillant avec les autres.»
«Le vrai leadership n’est pas de s’imaginer être dans un film comme Poilievre, mais plutôt de rassembler les partenaires, de travailler ensemble, d’écouter les experts. C’est exactement ce qu’on fait avec notre plan d’action. C’est ensemble qu’on va lutter contre le vol de véhicules et créer un Canada plus sécuritaire pour tous.»
«Assez, c’est assez!»
Cette initiative du gouvernement fédéral fait suite aux recommandations entendues en février dans le cadre du Sommet national pour lutter contre le vol de voitures. Elle s’appuie sur trois axes: un échange accru des renseignements entre les différents intervenants, que ce soient les services de police, les douanes, les expéditeurs et les ports; une plus grande intervention sur le terrain; et un renforcement de la législation pour que les peines imposées soient plus sévères.
«Le message est très clair: nous allons faire la vie dure aux criminels et mettre fin à ce fléau, a promis M. Champagne. On va s’attaquer aux réseaux de vols de véhicules. Les gens en ont assez de s’inquiéter. Assez, c’est assez! Vous allez voir que la pression sur les voleurs va s’intensifier.»
Déjà, des améliorations sont notables, selon M. Champagne, qui a souligné que des centaines de véhicules ont été saisis depuis le Sommet «parce qu’il y a eu énormément d’opérations conjointes».
«C’est ce qui arrive quand on travaille ensemble. On veut poursuivre sur cette lancée, alors c’est pour ça qu’on publie aujourd’hui le plan national pour lutter contre le vol de voitures», a-t-il ajouté avec son enthousiasme caractéristique.
Malgré l’envergure de cette saisie, M. Champagne a rappelé que «le vol de voitures a connu une hausse importante au pays dans les dernières années, alors qu’une voiture est volée toutes les six minutes».
Le nombre de réclamations aux compagnies d’assurances a augmenté de 42% entre 2012 et 2022. Et le coût de celles−ci a explosé avec une hausse de près de 145% durant cette période, atteignant un montant record de 1,5 milliard de dollars en 2023. Ces données sont «éloquentes» à ses yeux.
C’est pourquoi M. Champagne considère qu’«il y a urgence d’agir» et qu’un plan national est nécessaire. «Il faut agir dès maintenant avec force et détermination, a-t-il ajouté. Notre plan est un pas dans la bonne direction. On doit continuer de faire plus, mais je suis convaincu qu’en travaillant ensemble on sera capable d’enrayer ce fléau.»
Ce plan d’action est accueilli très favorablement par les différents corps policiers. Le commandant de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au Québec, Martin Roach, a affirmé que «l’approche collaborative a pris une place significative» depuis le Sommet en février. Elle a notamment permis à plus de 145 000 véhicules canadiens d’être intégrés à la base de données de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), facilitant ainsi leur retraçage à l’étranger. Depuis, les alertes de vol et les demandes d’enquête sont en constante croissance.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) croit quant à lui que «ce sont d’excellentes mesures qui vont nous aider sur le terrain».
Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) s’en réjouit également. «Le BAC félicite le gouvernement fédéral pour son plan d’action national de lutte contre le vol de véhicules, a-t-il indiqué dans un communiqué. Un grand nombre des solutions de politique publique proposées par l’industrie de l’assurance de dommages sont incluses dans ce plan exhaustif.
Toutes les parties prenantes ont un rôle à jouer, notamment les assureurs, les forces de l’ordre, les autorités portuaires et les constructeurs automobiles, qui sont particulièrement bien placés pour rendre les véhicules plus difficiles à voler en premier lieu.»
Sébastien Auger, La Presse Canadienne