FOCUS ESTRIE. Quitter une carrière bien lancée en comptabilité pour démarrer sa propre entreprise de bio cosmétique. C’est le pari qu’a décidé de relever Caroline Boyer Laquerre en 2020 avec son entreprise Essence Zen. Et par le fait même, se frotter à des marques plusieurs fois milliardaires.
Ce n’était certainement pas la forte concurrence qui allait empêcher l’entrepreneuse d’aller de l’avant avec son projet d’entreprise. Trois ans plus tard, ses produits naturels sont distribués dans 18 points de vente, à Granby, où elle a aussi sa seule boutique, mais aussi ailleurs en Estrie, en Montérégie, à Montréal, dans le Centre-du-Québec et dans le Bas-Saint-Laurent.
Entre la première et la deuxième année, la croissance des revenus de l’entreprise a été de 100 %, dit Caroline Boyer Laquerre. Ensuite, entre 2021 et 2022, le chiffre d’affaires a augmenté de 50 %. Cette année, si la tendance se maintient, la hausse sera encore de 50 %. Pour le moment, pour des raisons stratégiques, la jeune entrepreneuse souhaite garder les montants confidentiels.
« J’ai tendance à freiner la croissance, car parfois, on lève le pied parce qu’on sait qu’on veut aller plus vite par la suite et que des choses doivent être structurées pour supporter cette croissance, explique-t-elle. Pour 2023, c’est une estimation pessimiste. Car avec ma nouvelle image de marque, qui vient tout juste d’être lancée, ça pourrait exploser rapidement. »
Aussi, des négociations en cours avec une grande chaîne québécoise pour la vente de ses produits pourraient bien changer la donne si celles-ci débouchaient sur une entente.
Se soucier de la santé de sa clientèle, et de son portefeuille
Entre sa première carrière de comptable et celle d’entrepreneure, Caroline Boyer Laquerre ne travaille certainement pas moins. Mais sa mission, elle, s’est alignée plus près de ses valeurs de vie.
« [En comptabilité] on était toujours en train de réduire les effectifs pour gagner en profitabilité. Mais bien des fois, la profitabilité est déjà bien présente. Couper et surcharger les effectifs ne correspondaient pas à mes valeurs. Et j’avais quand même une grosse équipe sous mon aile », dit l’entrepreneuse.
Le genre de situation qui l’a menée à un épuisement professionnel. Et une forme de crise existentielle. « J’avais toujours l’impression de les mettre sous pression. Et de leur enlever de la qualité de vie. J’avais envie de bâtir une entreprise qui correspondait davantage à mes idéaux », poursuit-elle.
Essence Zen était née
De ces problèmes de santé, Caroline Boyer Laquerre a découvert l’univers des produits naturels. En prenant des formations, elle a « réalisé tout ce qu’on mettait sur notre peau et qui pouvait nuire à notre santé. »
Elle s’est ensuite rendu compte, en achetant des bio cosmétiques, que « ça coûtait un bras une jambe ». « Je me suis dit : “Ça ne se peut pas. Surtout qu’on nous dit que c’est naturel, pas transformé.” Je veux bien que le bio soit plus cher, mais je trouvais qu’on abusait un peu dans le milieu », dit-elle.
Son prix moyen est de 24 $. « Bien des gens m’ont dit que je pouvais vendre pas mal plus cher. Je vois que je peux offrir des produits de bonne qualité à un prix raisonnable. Une cliente me disait récemment qu’elle était contente de pouvoir s’acheter deux produits chez moi, et non un seul. »
Résultat : ses produits font de plus en plus leur chemin en Estrie, et en dehors. Sa clientèle est fidèle. La popularité est suffisante pour avoir décidé cette année de protéger la propriété intellectuelle d’Essence Zen. Sa fondatrice rêve d’une percée européenne, mais en attendant, elle souhaite positionner sa marque aux quatre coins du Québec dans les cinq prochaines années.
Dans la foulée, pourquoi ne pas apporter une touche d’innovation ? C’est en se posant cette question qu’elle a décidé de lancer une consigne avec ses contenants de verre. Un geste de plus, pour elle, afin de concilier le mieux-être avec les questions environnementales.
Les réseaux de pharmacies, là où la clientèle se dirige en grande partie pour acheter des produits de soins corporels, semblent être des endroits tout indiqués pour consolider cette idée. En ce moment, elle le fait uniquement à sa boutique.
« On le fait beaucoup avec les bouteilles et les cannettes, fait remarquer la jeune femme d’affaires. Pourquoi ne pourrait-on pas le faire avec les produits cosmétiques ? »
Cet article a intialement été publié dans l'édition papier de Les Affaires du 11 octobre 2023.
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