EXPERTE INVITÉE. Nous sommes prévenus. Le prochain budget de Québec sera «largement déficitaire», a déjà lancé le premier ministre Legault.
Les dépenses sont à la hausse et dans le contexte économique actuel les revenus ne sont pas au rendez-vous.
Le gouvernement pour le moment refuse de parler de mesures d’austérité et promet plutôt de la «rigueur».
Comment cela va-t-il se traduire pour nos entreprises? Difficile de ne pas voir s’élever des drapeaux rouges.
Nous savons tous très bien qu’il n’y a pas mille façons de ramener un budget au vert. Il faut réduire les dépenses, accroître les revenus et idéalement les deux.
Nos appréhensions sont donc légitimes, même si nous caressons l’espoir de voir le gouvernement privilégier la création de richesse.
Le ministre des Finances ne doit pas tomber dans le piège des coupes touchant nos entreprises. Cela ne ferait que contribuer à nous enfoncer dans une spirale négative.
À ce jeu-là, personne n’y gagnera.
Faire mieux avec l’argent disponible
Soyons quand même réalistes. La situation budgétaire du Québec n’est plus ce qu’elle était.
Il faut choisir. Il faut prioriser.
Et l’heure n’est pas au saupoudrage.
Là encore, pas de magie, trois leviers clés doivent être activés pour avoir un impact réel:
1. Une hausse des investissements
2. Davantage de productivité
3. Un accroissement des exportations
Nos entreprises manufacturières sont au centre de tout cela.
Un exemple de mesure qu’il faut à tout prix protéger et qui n’est pas la plus «sexy», c’est le développement des compétences de nos travailleurs.
Sans l’ombre d’un doute, c’est une réponse forte à la pénurie de main-d’œuvre et à la faible productivité de notre économie. Et pourtant, nous n’avons aucune assurance que l’augmentation de la productivité de notre main-d’œuvre sera priorisée dans les programmes de formation. Au contraire, des indications laissent croire que les gouvernements pourraient couper dans ce domaine pour une deuxième année consécutive.
Le gouvernement dit miser sur le virage numérique, mais il oublie que ce virage sera effectué par les êtres humains. Il faut ainsi une main-d’œuvre en nombre et en qualité suffisante pour y arriver. Ce n’est certainement pas en réduisant le nombre de travailleurs temporaires que le gouvernement facilitera la transition numérique.
Bref, il faut mieux prioriser.
La même logique s’applique pour le soutien à la modernisation et à l’innovation.
Les bonnes décisions prises aujourd’hui sont celles qui contribueront à la création d’un environnement propice à la croissance de la productivité. C’est sur cette base que le Québec pourra soutenir un développement économique à long terme.
Et c’est aussi sur cette prémisse de faire mieux et d’orienter le Québec vers la prospérité, faut-il encore le rappeler, que le gouvernement actuel s’est fait élire.
Soutenir les entreprises, c’est créer la richesse
Nous ne pouvons donc que souhaiter que la CAQ soit fidèle à ses engagements qui ont mené à sa première élection en 2018.
Bien sûr, il faut le reconnaître, ce gouvernement a parfois fait preuve de courage en suivant cette direction, que ce soit en lançant le débat énergétique ou encore en soutenant ou la filière batterie.
«Maintenant» (pour reprendre le slogan caquiste de 2018), les difficultés budgétaires ne doivent pas faire changer le gouvernement de cap.
Le Québec ne peut tout simplement pas se le permettre. À moins que nous souhaitions voir nos entreprises reculer et nos finances publiques « largement déficitaires » pendant encore longtemps.
Prudence? Oui bien sûr.
Manque de vision? Non merci.
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