Le coup de départ est officiellement donné: le Québec vibrera au rythme des élections pour les cinq prochaines semaines. Avec cinq principaux partis sur les rangs, la dynamique de cette campagne risque d’être radicalement différente par rapport aux années précédentes. Au cours des prochains jours, à raison d’un chef par jour, nous vous présentons un tour d’horizon des forces en place et des principaux défis qui attendent les chefs de partis d’ici le scrutin du 3 octobre.
BLOGUE INVITÉ. La plupart des stratèges vous le diront: démarrer une campagne électorale au sommet dans les sondages — 42% dans le cas de la CAQ, selon le sondage Léger de samedi dernier, donc 25 points devant son plus proche rival — est loin d’être une position idéale. Au moindre signe d’affaiblissement dans les prochains coups de sonde, le « spin » médiatique autour de la campagne caquiste pourrait devenir de plus en plus négatif. Et lorsque vous commencez à chuter dans les intentions de vote, il peut être pour le moins difficile d’infléchir la courbe en aussi peu que cinq semaines de campagne.
En tant que meneur incontestable de cette course qui s’amorce, François Legault sera surveillé à la loupe par ses adversaires, tout comme par les journalistes qui suivent sa campagne. Ses faits et gestes, tout comme ses déclarations publiques, seront passés au peigne fin. Tout faux pas, aussi minime soit-il, pourrait faire sérieusement dérailler sa campagne et le placer sur la défensive. On l’a déjà vu dimanche lorsqu’il a maladroitement référé à la cheffe libérale comme étant «cette madame»; les réactions qui s’en sont suivies donnent le ton pour le reste de la campagne.
Face à cette situation, l’équipe caquiste sera peut-être tentée de mener une campagne tranquille, plutôt beige, question de ne pas trop faire de vagues. Le choix du slogan « Continuons » indique que celle-ci misera beaucoup sur son bilan des quatre dernières années. Si la CAQ a certes de quoi être fière de ses réalisations depuis 2018 et malgré la pandémie — le gouvernement jouit toujours d’un très haut taux d’approbation dans les sondages — c’est néanmoins un couteau à double tranchant. On se souviendra de Denis Coderre qui, à force de faire campagne sur son excellent bilan en 2017, en est venu jusqu’à oublier d’inspirer les Montréalais pour l’avenir. On connaît la suite; l’élection « gagnée d’avance » fut finalement perdue aux mains d’une pure inconnue qui faisait rêver le public avec des promesses démesurées. Si le passé peut être garant du futur, il n’en demeure pas moins que les électeurs votent sur les quatre prochaines années, pas les quatre dernières.
Et si jamais la CAQ réussissait miraculeusement à maintenir ses appuis au même niveau jusqu’au 3 octobre prochain, elle ferait alors face à un important défi d’abstention. Ses électeurs, convaincus que la réélection de leur parti est acquise, risqueraient alors de rester à la maison plutôt que de se rendre aux urnes. Dans un tel scénario, la sortie de vote sera déterminante dans les circonscriptions où la lutte s’annonce serrée. La puissante machine électorale caquiste, bien huilée, a déjà démontré sa force de frappe à maintes reprises par le passé, et elle sera assurément mise à contribution cette année encore.
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