EXPERT INVITÉ. «L’IA, ce n’est pas pour moi !»
C’est le genre de remarque que j’entends encore, quoique moins souvent, en panel ou en conférence.
Oui, les emplois, ça fait parler, c’est ce qui colle le mieux au scénario catastrophe, parfois un peu sensationnaliste qui accapare l’attention du public. Mais, les inquiétudes concernant les licenciements ne sont pas les seules à exister.
On entend le plus souvent les trop optimistes et les trop pessimistes. Soit l’IA est un don qui réglera tous nos problèmes, soit elle est un danger primordial comme on en a plus vu depuis la pandémie ou les grandes guerres.
Mais, si l’on décortique le problème de près, une autre voie de compréhension est possible. Cette autre voie n’est ni positive ni négative, mais se base sur une réalité simple : les intelligences artificielles génératives sont des outils qu’il faut apprendre à maîtriser. Il le faut pour optimiser son travail, pour valoriser son emploi, pour se faciliter la vie parfois.
C’est en affirmant cela que l’on peut pleinement comprendre les inquiétudes de nos équipes. Cette affirmation, «il faut apprendre à maîtriser l’IA !», soulève un autre problème, bien plus urgent. Une question qui, selon moi, a bien plus de valeur que les nombreux scénarios d’anticipation qui ressortent dans les débats.
Sommes-nous tous égaux face aux IA génératives ?
Une réponse rapide : non.
C’est à ce moment de ma réflexion que je veux introduire le concept de «fracture numérique» que Statistique Canada définit comme, «l’écart entre les “nantis” et les “démunis” de technologies de l’information et des communications». Je déclinerais cette fracture en deux niveaux, la fracture de l’accès et la fracture des usages.
Premièrement, il est évident qu’il existe des obstacles à la diffusion de ces outils. Obstacles économiques, mais aussi des obstacles géographiques.
Il y a aussi des disparités dans ces usages. L’exemple le plus répandu et le plus populaire est celui de la fracture générationnelle, mais il y en a d’autres comme celle qui existe pour les personnes en situation de handicap.
Or, puisqu’on se doit de maîtriser les intelligences artificielles génératives pour ne pas nager à contre-courant. Puisqu’il existera bientôt un impératif — dans le monde du travail au moins —, il est urgent d’équilibrer les chances d’accès et de maîtrise de ces outils.
Est-ce qu’il y a des solutions pour aplanir ces inégalités ?
La formation.
Cette solution est une responsabilité d’entreprise, de CEO je dirais même. Elle deviendra aussi une responsabilité de l’éducation et est déjà une responsabilité pour les institutions gouvernementales.
Finalement, c’est sur ce dernier point que j’aimerais insister. Il est primordial de former et de rendre accessible les formations. Un message que j’adresse aux quelques-uns qui ont le pouvoir de garantir l’accès et l’apprentissage. Il faut s’investir dans cette voie. C’est ici qu’est la vraie urgence !