BLOGUE INVITÉ. Certains d’entre vous se souviendront probablement du moment marquant où Neil Armstrong a mis les pieds sur la Lune en 1969. Un événement ayant marqué l’imaginaire de plusieurs, et qui a ouvert la porte à une foulée de nouvelles opportunités. Grâce à l’implication et à la collaboration de plusieurs pays dont le Canada et les États-Unis, les plus jeunes pourront revivre ce moment émouvant de marche lunaire d’ici la fin des années 2020.
Avec des investissements gouvernementaux mondiaux dans l’exploration spatiale qui atteindront plus de 31 milliards de dollars américains en 2031 et l’émergence d’entreprises privées clés, c’est un univers — littéralement — d’opportunités qui s’ouvre à nous.
Un retour attendu sur la Lune
Avec plus de 8 milliards de dollars américains investis en exploration lunaire dans la dernière décennie par les gouvernements présents dans le secteur, la Lune est devenue un élément central des stratégies de plusieurs pays. Tellement que ces investissements grimperont à un total de 37 milliards pour les dix prochaines années.
Si cela est possible, c’est en partie grâce au programme Artemis des États-Unis, qui rassemble présentement plus de 21 pays signataires, dont le Canada. En effet, cette mission, qui permettra à la première femme et première personne de couleur d’atteindre la surface lunaire avec Artemis 3, devait voir sa mission Artemis 1 être lancée le 29 août dernier. Dû aux difficultés techniques rencontrées, le lancement se fera finalement le 14 novembre prochain.
Cette première mission, qui n’inclut pour sa part aucun astronaute à bord de la navette spatiale, est le pilier de la stratégie des signataires de l’accord et de plusieurs autres pays. L’objectif du programme est de détenir la capacité d’établir une présence humaine durable sur la Lune, et ce, en ayant accès à la station Gateway qui sera placée en orbite lunaire pour faciliter l’arrivée des astronautes.
Bien que je vous aie mentionné que l’élément central de ce programme d’exploration spatiale est la Lune, le but ultime est d’atteindre Mars en utilisant la Lune et Gateway comme facilitateurs pour ce voyage de longue durée. Bien que certains pourraient confondre ce but avec le dénouement d’un film de science-fiction, c’est bel et bien la réalité. Le programme Artemis prévoit d’envoyer le premier astronaute sur Mars vers 2040, bien que des délais sont à prévoir. Cela dit, il s’agira d’une mission qui demandera une expertise et des investissements colossaux!
Les entrepreneurs à la rescousse
Si les bénéfices économiques pour le commun des mortels découlant des satellites sont plus faciles à déceler — pensons au GPS, à la télévision, à la météorologie et autres —, l’exploration spatiale est parfois un domaine où les agences spatiales se voient confrontées à des budgets restreints. Pourtant, les avancées scientifiques sont notoires, et sans compter les aspects importants de prestige liés à la géopolitique dans ces temps tendus.
Heureusement, afin de trouver des solutions moins coûteuses et plus efficaces, l’arrivée de joueurs privés comme SpaceX permet aux agences spatiales de développer de nouveaux modèles de collaboration entre le public et le privé. Pensons notamment à Canadarm3, soit la contribution canadienne à Gateway qui nous permettra d’envoyer un astronaute canadien à bord de la navette d’Artemis 2. Ce système robotisé qui assurera entre autres le maintien autonome de la station a été élaboré en collaboration avec le secteur privé, notamment par la firme ontarienne MDA qui a reçu le contrat d'établir les exigences techniques pour la construction du système. Ou encore la navette Dragon de SpaceX qui va transporter des astronautes jusqu’à la Station Spatiale Internationale.
Ces développements dans le secteur privé sont d’une grande importance économique et nous permettront d’aller au-delà de ce que nous croyions comme étant possible il y a à peine quelques années.
Je suis d’avis que les entreprises privées joueront un rôle de plus en plus important dans la prochaine décennie, avec pas moins de 60 missions lunaires commerciales à lancer d’ici 2031. Toutefois, il faut tout de même noter que le rôle des gouvernements restera crucial pour soutenir l'industrie, notamment en tant que clients des solutions commerciales, mais aussi en termes de partage des coûts, des risques et des responsabilités dans les projets d'exploration spatiale.
Avec plus de 182 millions de dollars américains investis par le Canada dans l’exploration spatiale en 2022, notre pays demeurera un partenaire clé des programmes de collaboration internationale, et ce montant sera amené à augmenter dans les prochaines années. Si l’économie terrestre comporte déjà son lot d’opportunités, l’économie spatiale est sans hésiter un secteur d’avenir et le Canada fera partie de la croissance mondiale attendue.