EXPERT INVITÉ. Un autre type d’entrepreneuriat émerge dans le monde. À côté de l’entrepreneur et de l’intrapreneur. On l’appelle l’innerpreneur. Il apporte déjà un sens différent au travail. Et il pourrait transformer le marché de l’emploi.
D’abord, un rappel sur ce que sont les profils d’entrepreneur et d’intrapreneur:
L’entrepreneur est celui qui initie des projets à travers une entité (une entreprise) en transformant des occasions favorables en affaires. Il prend des risques; il développe, il entreprend. Souvent épris de liberté, il utilise l’entreprise pour influencer un marché, un domaine d’activité.
L’intrapreneur est quelqu’un qui entreprend à l’intérieur d’une organisation existante, comme employé. Il a de l’initiative et un comportement de leader caractérisé par l’innovation. Ce n’est pas un employé standard. Il n’est pas d’abord motivé par la carrière ou le titre, mais par une contribution signifiante à la raison d’être de l’entreprise. De plus en plus, les modes de gestion des organisations inspirantes encouragent l’intrapreneuriat.
À côté de ces deux types d’entrepreneuriat, un troisième type émerge: l’innerpreneur. Du latin «inne» qui signifie «dedans».
Peut-être vous reconnaîtrez-vous?
De qui s’agit-il?
L’innerpreneur trouve son inspiration, sa motivation en lui-même; non pas à l’extérieur (par exemple dans un marché). Son entreprise, c’est souvent lui-même; elle est son chemin d’accomplissement professionnel. Mobilisé par une raison d’être puissante, l’innerpreneur trouve satisfaction à travers le rayonnement de celle-ci, plus que dans la recherche de performance. On le retrouve souvent comme travailleur autonome.
Ses caractéristiques:
- Il est animé par une «cause», un projet ancré en lui;
- Il se décrit comme le PDG de sa propre vie;
- Il est motivé de l’intérieur (inner-preneur), par ses convictions;
- Il aime aussi la prise de risques, comme l’entrepreneur;
- Il voit le monde d’une façon différente de la majorité des gens;
- Il a un fort besoin d’indépendance, de liberté;
- Il est attiré par des projets qui contribuent à améliorer un secteur de la société;
- Il alterne ses phases de vie entre l’engagement actif, la réflexion, les expériences et l’apprentissage; sa vie n’est pas linéaire;
- Il est engagé dans un processus continu d’apprentissage et d’amélioration de soi, cherchant à développer ses compétences, ses connaissances et son bien-être mental et émotionnel;
- Il n’hésite pas à recourir à un coach ou un psy pour demeurer bien centré;
- Il crée un impact positif dans sa propre vie et celle des autres;
En résumé, l’innerpreneur est quelqu’un qui entreprend un «voyage» pour une cause, en cherchant souvent à créer une vie qui reflète ses valeurs et ses passions.
Voici quelques exemples connus, que l’on considère souvent comme des entrepreneurs, mais qui ont d’abord, selon moi, une nature d’innerpreneur:
- Yvon Chouinard (Patagonia):
Sa cause: la durabilité environnementale et la responsabilité sociale - Arianna Huffington (Huffington Post):
Sa cause: un nouveau journalisme - Muhammad Yunus (Grameen Bank):
Sa cause: fournir des services financiers aux personnes défavorisées, par le microcrédit - Oprah Winfrey (the Oprah Winfrey show):
Sa cause: la télévision au service d’une vie plus accomplie - Steve Jobs (Apple):
Sa cause: l’innovation technologique au service des créateurs - Blake Mycoskie (TOMS Shoes):
Sa cause: donner une paire de chaussures à une personne dans le besoin pour chaque paire vendue - Plus près de nous, au Québec, mon ami Rémi Tremblay (Maison des leaders):
Sa cause: des leaders qui sont de meilleurs humains
Ces innerpreneurs sont d’abord habités par une passion, une cause. Quelque chose qui émerge d’en dedans.
Pour ma part, j’ai vécu une longue période dans le style intrapreneur, au Groupement des chefs d’entreprise. Aujourd’hui, je me sens surtout un innerpreneur, à mon compte, animé d’un désir profond de contribuer à développer des organisations inspirantes.
Par ailleurs, j’observe dans mon réseau de contacts professionnels que plusieurs entrepreneurs, arrivés à une nouvelle étape de vie, se découvrent innerpreneurs. Chez les jeunes, ce type d’entrepreneuriat est aussi en pleine émergence.
J’observe aussi le même passage de la part d’intrapreneurs, actifs dans des entreprises, qui choisissent de se réaliser autrement comme innerpreneurs.
Je crois que cette tendance va se déployer et modifier en profondeur le marché de l’emploi. Comment? Par de nouvelles formes d’engagement et de contribution dans et auprès des organisations. J’y reviendrai dans un prochain article.
Il n’y a pas de «type» idéal; simplement une préférence personnelle pour un style d’entrepreneuriat. Le plus important est de se reconnaître et de s’investir dans le type qui résonne le mieux en nous à un moment donné de notre vie : entrepreneur, intrapreneur ou innerpreneur. Car le fait de se sentir à la bonne place libère notre potentiel, améliore notre santé psychologique et produit des effets positifs en nous et autour de nous.
Alors, quel type êtes-vous actuellement? À quel type aspirez-vous profondément?
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