« J’avoue que depuis la fin de l’automne passé, je garde dans ma poche arrière un vieux mouchoir dans lequel je vais parfois pleurer. » Cette confession d’Anne Marcotte dans un blogue publié au début de l’année m’avait émue à l’époque. Surtout, elle m’avait emplie de fierté. J’étais fière que notre média participe à libérer la parole sur la santé mentale, un sujet encore trop souvent tabou, et fière d’Anne elle-même, pour son courage de raconter en toute simplicité ce moment difficile de son parcours d’entrepreneure.
La vie est remplie de hauts et de bas. C’est particulièrement vrai pour celle que mènent les entrepreneurs, alors que la frontière entre le professionnel et le personnel est souvent floue, car ils ont souvent tout misé sur leurs projets et se sont investis sans compter pendant des années. Ce qui explique que chaque échec, inévitable dans tout parcours, soit particulièrement vertigineux. Et pourquoi les entrepreneurs sont plus souvent sujets à des troubles de santé mentale.
On imagine sans peine le niveau de stress élevé dans lequel ont vécu ces chefs d’entreprise lorsque la pandémie, une situation imprévisible et hors de leur contrôle, a frappé. Heureusement, nos entrepreneurs sont résilients. Après une année difficile, la plupart de ceux qui sont encore en affaires ont bien remonté la pente. Une étude de la BDC sur le sujet a récemment souligné que 70 % d’entre eux déclarent mieux maîtriser la situation et 40 % se sentent moins déprimés. Cela dit, même si la situation s’améliore, tout n’est pas encore réglé. Dans la même étude, 32 % des entrepreneurs disent ressentir des problèmes ou avoir besoin de soins en santé mentale. La même proportion admet que ces problèmes nuisent à leur capacité de travailler. Presque un entrepreneur sur trois, c’est beaucoup trop !
Concrètement, que pouvons-nous faire pour les soutenir ? Nous pouvons commencer par les aider à briser le mythe de l’entrepreneur sans failles. L’admiration qu’on leur voue est amplement méritée. Le courage, la résilience, la ténacité et la créativité qui caractérisent les entrepreneurs en font des modèles. Mais cela n’en fait pas des « superhéros », comme le rappelle Nicolas Duvernois. Ce qui fait hésiter à se confier, c’est la peur de changer dans le regard de l’autre, de paraître faible. Pourtant, afficher sa vulnérabilité est une force, comme l’a démontré Anne Marcotte et tant d’autres avant et après elle. Nous pouvons aussi faire preuve de bienveillance, d’empathie et nous montrer attentifs aux signaux envoyés par les personnes démontrant des signes d’anxiété autour de nous.
Il était important pour Les Affaires d’apporter sa modeste pierre à l’édifice, en rassemblant des témoignages emplis d’authenticité, mais aussi des conseils concrets pour traverser ces passages à vide. C’est ce que vous retrouverez dans le livre blanc que vous pourrez télécharger en remplissant le formulaire ci-dessous. Pour s’en sortir, il n’y a pas de recette miracle : prendre soin de soi, s’accorder du temps pour se ressourcer, et bien sûr, ne pas hésiter à se confier quand ça ne va pas. Puisse ce recueil servir à vous le rappeler.
Bonne lecture,
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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@marinethomas