BLOGUE INVITÉ. Oui, les taux actuels sont les plus élevés depuis 2009 pour l’emprunt hypothécaire. Pour celles et ceux qui achètent une première résidence ou renouvellent un prêt, la situation peut paraître en leur défaveur. Mais est-ce vraiment le cas?
Celles et ceux qui me connaissent savent que je suis toujours en quête d’une occasion, sans cesse en train de rebrasser les données pour être certain de peser le pour et le contre de chaque situation. Or, il y a dans le climat actuel de l’immobilier beaucoup plus de positif que l’on serait tenté de voir si l’on s’arrête simplement aux taux.
Leur hausse pourrait même receler des avantages qui surpassent l’inconvénient de paiements mensuels plus élevés (lorsqu’on les compare à la moyenne des déboursés par mois au cours des cinq dernières années).
Vous m’avez bien lu: à court terme, le pouvoir d’achat des consommateurs est certainement affecté par cette situation, mais il y a d’autres facteurs à prendre en compte dans cette situation. Y compris le sentiment, voire la certitude, de faire un meilleur investissement.
Le juste prix
Avec une surchauffe immobilière en refroidissement dans plusieurs marchés, on assiste à une recalibration des coûts.
Les acheteurs n’ont plus toujours à surenchérir de manière démesurée pour obtenir une maison, quitte à offrir nettement plus que la valeur du marché pour réussir à faire la promesse la plus alléchante aux vendeurs. Au final, ils déboursent moins, mais ont aussi le sentiment d’avoir payé le juste prix pour leur acquisition.
Cela fait que, malgré des taux actuellement élevés, les acheteurs en auront parfois plus pour leur argent. Ils ont aussi moins de risques de vivre avec les remords d’avoir payé trop cher pour s’assurer d’obtenir la demeure qu’ils désiraient.
Bonjour l'ambiance
Même lorsqu’on vendait, ces derniers mois, la situation qui prévalait n’était pas particulièrement agréable.
D’abord, parce qu’on vend le plus souvent pour acheter, donc on profite autant que l’on subit le climat dans l’immobilier. Et comme le marché est encore à la faveur des vendeurs, ces derniers n’ont pas totalement perdu l’avantage sur le terrain.
La situation actuelle crée une bien meilleure ambiance. Moins de visites à la chaîne, d’offres empilées, qu’il faut analyser à la douzaine, et de pression de faire le bon choix.
Bref, pour tout le monde (y compris les courtiers en immobilier!), vendre et acheter est une expérience beaucoup plus zen.
Vivre moins de stress dans une étape de la vie qui en comporte déjà une importante dose, ça a aussi une valeur. Pas inestimable, je ne dirais pas ça. Mais un peu plus de sérénité devrait aussi peser dans la balance des pour et des contre.
Savoir ce que l'on achète
Parmi les problèmes engendrés par la surchauffe immobilière, il faut compter la levée massive des conditions à laquelle on a assisté au cours des dernières années dans les promesses d’achat.
Des transactions immobilières de centaines de milliers de dollars étaient souvent paraphées sans inspection et sans se prévaloir de la garantie légale.
Il y a donc quantité de nouveaux propriétaires qui risquent de se réveiller un beau matin avec des vices cachés pour lesquels ils pourraient avoir toutes les misères du monde à obtenir réparation. S’ils y parviennent.
Refaire un toit, un drain agricole, des fondations, c’est non seulement très onéreux, mais aussi ennuyeux et stressant. Outre les coûts, il faut prévoir tous les désagréments qui viennent avec ces rénovations qu’on n’avait pas prévues. Genre: obtenir des soumissions, condamner une partie de la maison et vivre dans un chantier, sans parler des incontournables dépassements de coûts.
Changer ses habitudes
Bon, comme je l’ai dit dans une précédente chronique, je ne suis pas un oracle, mais je serais passablement surpris que les taux augmentent encore beaucoup, et plus encore qu’ils ne redescendent pas de manière significative au terme des deux ou trois prochaines années.
C’est donc peut-être le temps de magasiner dans la talle des produits hypothécaires avec laquelle on est habituellement moins à l’aise.
Avec le taux de cinq ans fermé le plus élevé historiquement depuis 2009, pourquoi ne pas lorgner du côté d’un produit à moins long terme, par exemple. Ou prendre le temps de faire le tour des offres pour dénicher un prêt moins contraignant sur le plan des pénalités si jamais les taux descendent plus rapidement et qu’on souhaite renégocier? Ou alors d’aller voir les offres chez les prêteurs qui ne sont pas des banques. Ça me semble aussi une occasion à considérer.
Un bon moment?
Finalement, même si ça peut paraître contre-intuitif en raison des taux, nous vivons peut-être une période favorable pour acheter sa première résidence. La raison est simple: de plus en plus de premiers acheteurs se manifestent et le parc immobilier ne fournit pas, tant sur le plan des maisons existantes que des nouvelles. Le ralentissement des chantiers résidentiels que l’on connaît actuellement n’aidera pas la situation.
Les taux, eux, vont finir par redescendre, mais le prix moyen des résidences risque fort de remonter encore pas mal au cours des prochaines années en raison de ce qu’on pourrait appeler une pénurie de propriétés. Ou, de manière moins dramatique, un sérieux problème de disponibilité.
Ça veut dire deux choses: que les maisons vont rapidement coûter plus cher, et donc que vous risquez d’éponger le coût de taux plus élevés par la hausse de la valeur de votre achat en moins de temps qu’il ne vous en faudra pour dire « baisse du taux directeur de la Banque du Canada ».
Finalement, c’est quand même pas trop mal, comme situation, non?
À noter : ce qui précède sont mes opinions et expériences personnelles et non la position de nesto Expert hypothécaire. Je ne suis pas un courtier hypothécaire ou immobilier agréé.