Un texte de Kévyn Gagné, CRIA, M. Sc., directeur des ressources humaines, Franklin Empire
COURRIER DES LECTEURS. Quelle est une des différences entre la grosse machine bureaucratique du gouvernement quand la Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) échappe un dossier ou que des nouveau-nés sont trimbalés d’un centre hospitalier à un autre en raison de crise dans un Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) et la grosse machine syndicale de la FTQ, CSN, CSQ et autres syndicats nationaux quand certains membres s'en prennent parfois à des humains?
Aucune!
Il n’existe aucune différence puisque ce n’est jamais leur faute. C’est la faute au système; c’est la faute aux multiples paliers et structure de leurs instances; ce n’est la faute à personne puisqu’on ne veut pas personnaliser la crise; puisqu’on ne veut pas donner de noms pour éviter les représailles, mais surtout pour éviter de dire à quelqu’un : tu es coupable!
Ça fait trop méchant! Ça fait trop accusateur! Ça fait trop peur de rendre quelqu’un responsable!
Ça ressemble à un enfant de 7 ans qui vole une gomme au dépanneur et qui se défend en disant que ce n’est pas sa faute, mais bien la faute de Tik Tok, la faute de ses parents qui le laisse regarder ça, et la faute à la société de mettre trop de pression sur ses parents ne leur laissant pas le temps de s’occuper de lui.
Les syndicats nationaux et le gouvernement sont imputables uniquement des choses qui leur plaisent. Ça ressemble beaucoup à ce mauvais employé qui doit effectuer 10 tâches pour compléter son travail, mais qui n’en fait qu’une ou deux, les plus faciles et celles qu’il aime, et laisse les huit autres à quelqu’un d’autre… ou à personne, en s’en fout puisque ce n’est pas notre faute de toute façon!
Après ça, on se surprend que nos services publics soient lamentables; engouffrés dans des déficits budgétaires et structurels; incapables de rendre des services à la hauteur de leur financement, donc de nos impôts et taxes, et incapable de répondre à leur mission; et régis par des conventions collectives rigides et déshumanisantes.
Ce sont eux qui négocient pour nous.
Ce sont eux qui prennent des décisions pour nous.
Gouvernement et syndicats forgent le Québec à leurs façons. Ils luttent entre eux. Ils se font des coups de salaud. Ils enveniment leurs relations de travail. Ils prennent la population en otage. Ils attaquent certains de leurs membres et collègues.
Ils sont pareils, mais s’accusent de l’inexcusable qu’ils finissent par accepter eux-mêmes dans leur rang. Car, pour eux, c’est toujours différent.
Et quand ça se plante, ils se tournent vers nous: le petit peuple qui ne comprenait supposément encore rien à leurs débats et problématiques hier, mais tout est différent aujourd’hui puisqu’ils recherchent notre clémence, notre approbation et notre appui à leur lutte et revendication.
Ils nous consultent quand cela fait leur affaire, et nous disent de nous mêler de nos affaires quand les vraies questions et les vrais débats dérangent leur confort, leur sécurité, leur intégrité, et leur acquis.
Quand un événement ou une situation fâcheuse survient, le gouvernement accuse le syndicat, et bien évidemment, le syndicat accuse le gouvernement. On s’accuse mutuellement, mais finalement, personne n’est responsable, et rien ne change. On espère juste que la situation ne surviendra pas à nouveau.
Mais bien sûr, elle revient ailleurs, pareille ou sous une autre forme, et là, on s’accuse mutuellement de l’avoir échappée.
Comme la FIQ qui affirme que le gouvernement Legault l’a «échappé» dans les CHSLD, ou encore, Monsef Derraji, député de Nelligan et porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé qui accuse la CAQ de l’avoir «échappé» en matière de télémédecine, ou encore, Linda Caron, députée libérale de La Pinière qui accuse la CAQ l'avoir échappé dans le cas des RPA qui ont fermé par centaines.
Ou comme Magali Picard, présidente de la Fédération des travailleurs du Québec qui l’a «échappé» en novembre 2023 quand elle participait à la COP28 à Dubaï alors que le Québec était plongé dans une grève générale illimitée de ses enseignants.
Quelle est la différence entre le gouvernement et un syndicat national en matière de gestion, en matière de responsabilités et d’impunité, en matière de récusations?
Aucune: ce n’est jamais leur faute!
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