Depuis le 13 mars 2020, le monde dans lequel on vit est plus complexe. Non pas qu’il était simple avant. Cette complexité prend racine en grande partie dans l’incertitude liée à un phénomène inconnu jusqu’ici : la COVID-19.
Au cours des derniers mois, plusieurs n’ont pu s’empêcher de débuter leurs courriels par les mots « dans le contexte actuel». Pourtant, il y avait bien un contexte avant, mais on y faisait rarement référence dans nos courriels! La pandémie est venue nous rappeler l’importance du contexte.
Toute prise de décision est rattachée à un contexte. Plus le contexte est incertain, plus la prise de décision est complexe. Dans les années à venir, les décideurs auront du pain sur la planche. Si nous avons tous un peu perdu nos repères, nous ne devons pas perdre nos moyens.
Pourquoi un dossier sur la prise de décision?
Les entreprises évoluent en fonction de leurs décisions, pour le meilleur ou pour le pire. C’est pourquoi les gens d’affaires ont besoin, au moins à l’occasion, de se questionner sur leur processus décisionnel. Albert Camus disait « La vie est la somme de tous vos choix. Alors, que faites-vous aujourd’hui? ». On peut appliquer cette équation à la vie des entreprises. On n’a pas vraiment le choix de décider!
Ce dossier présente des conseils et des méthodes d’aide à la décision pour accompagner les gens d’affaires dans leur processus décisionnel. Commençons par examiner à quelle fréquence et comment nous prenons des décisions au Québec en 2020.
Plus de mille décisions par jour
Plusieurs sources indiquent que les individus prennent en moyenne 35 000 décisions par jour. En enlevant les huit heures de sommeil pendant lesquelles on fait le bilan de nos décisions, cela revient à environ une décision aux deux secondes. Vous êtes sceptiques?
Soyons conservateurs, en ramenant l’estimation à une décision à la minute. Cela revient néanmoins à presque mille décisions par jour! Considérant qu’une étude de l’université Cornell (Wansink et Sobal, 2007) a estimé à plus de 200 le nombre de décisions quotidiennes seulement en lien avec l’alimentation, on peut considérer le seuil des mille décisions par jour comme un strict minimum.
Supposons maintenant que la moitié de ces mille décisions sont prises au travail, et qu’elles sont de nature professionnelle, cela revient à environ 500 décisions professionnelles par jour. Si seulement 1 % de ces décisions sont importantes pour votre entreprise, cela revient à 5 décisions importantes par jour. Alors, comment les prenez-vous?
Les trois façons de prendre une décision en 2020
Qu’elle soit prise individuellement ou en groupe, il existe essentiellement trois manières de prendre la plupart des décisions de nos jours.
1. Sur la base de l’intuition : au diable les données!
Plusieurs décisions d’affaires sont prises sur la base de l’intuition, qui consiste en un savant mélange d’expérience, d’émotion et de flair. D’ailleurs, on dit de certains individus qu’ils ont le sens des affaires, qu’ils ont ça dans le sang. Ce « sens » des affaires est fortement associé à l’intuition et à la prise de décision. Quand notre petit doigt nous dit quelque chose (ou notre estomac, le « gut feeling »), c’est souvent plus fort que nous. Dans ces cas-là, la décision se prend vite, car on consacre peu de temps (ou pas du tout) à examiner les données. On est persuadé que la décision sera la bonne!
2. Avec des données, mais sans modèle
Parfois, on se sent moins à l’aise de prendre une décision importante sans colliger des données avant. Ici, le processus est plus rationnel, ce qui ne veut pas dire que l’intuition sera absente.
Une fois que l’on a reconnu que des données sont nécessaires, encore faut-il décider lesquelles, et faire en sorte de les obtenir de manière rigoureuse. Si on n’arrive toujours pas à décider après avoir suivi ce processus, c’est souvent le signe qu’il manque un modèle ou une méthode pour interpréter les données, en tirer du sens. D’ailleurs, l’abondance de données ou le « big data » est inutile sans modèle.
Le nouveau produit que vous envisagez de lancer suscite un intérêt élevé chez 18 % des Québécois? Sans modèle, cette donnée peut indiquer tout autant qu’il vous faut abandonner le produit sur-le-champ ou que vous avez une mine d’or entre les mains. Le modèle, c’est nos lunettes pour interpréter le monde.
3. Avec des données et un modèle
La situation de la COVID-19 nous aura mis en contact avec une multitude de données nouvelles, que chacun interprète avec ses propres lunettes, au meilleur de ses connaissances. Cette interprétation est difficile pour le commun des mortels qui n’a pas le modèle entre les mains.
De son côté, le gouvernement a été guidé dans sa gestion de la crise par des modèles de santé publique alimentés quotidiennement par des données. Sans ces modèles, les décisions liées au déconfinement auraient été pratiquement impossibles à prendre. Le modèle, pour autant qu’il soit robuste et valide, donne un sens aux données, et pave ainsi la voie à une meilleure prise de décision.
Le modèle du gouverneur Cuomo
À un certain moment pendant la crise de la COVID-19 dans l’état de New York, Andrew Cuomo a lancé un cri d’alarme sur la base d’une analyse qui comparait l’évolution du nombre de personnes aux soins intensifs (qui augmentait chaque jour) avec le nombre de ventilateurs disponibles dans l’état de New York (un chiffre stable).
Dans ce cas, le modèle était relativement simple (le nombre de ventilateurs disponibles au jour « X » à un endroit « Y » devait être supérieur ou égal au nombre de personnes aux soins intensifs la même journée au même endroit).
La décision du gouverneur Cuomo a mené au transfert de ventilateurs du nord de l’état vers la ville de New York. Ses exhortations ont aussi mené à l’obtention de ventilateurs provenant de Chine et de l’état de l'Oregon. Cuomo a utilisé des données et un modèle pour orienter sa prise de décision. Dans un monde idéal, c’est généralement l’approche que l’on devrait privilégier.
Les données : un ingrédient essentiel à la prise de décision
Que vous optiez pour une décision basée sur l’intuition, une règle du pouce ou un modèle sophistiqué, votre processus devrait minimalement inclure un examen des données. Si les conseils de votre petit doigt peuvent très bien compléter une règle du pouce ou les résultats d’un modèle plus sophistiqué, les données doivent absolument faire partie de l’équation.
Deux principaux types de données
Malgré l’explosion de la quantité de données disponibles au cours des dernières années, il existe essentiellement deux types de données : les primaires et les secondaires. En bref, les données primaires sont celles qui n’existent pas encore au moment où votre besoin en information se fait sentir. Au contraire, les données secondaires sont celles qui existent déjà. Les données secondaires sont donc des données primaires qui ont vieilli un peu. C’est un peu comme à l’école : on passe du primaire au secondaire!
Du renfort pour une meilleure prise de décision
Dans le présent dossier, nous allons présenter des méthodes, sources d’information et règles utiles pour aider les gens d’affaires dans leur prise de décision. Les principaux contextes d’utilisation et des conseils pour utiliser l’information à bon escient seront également présentés.
Par Vincent Bouchard, Vice-président chez SOM
- Accueil
- Bourse
- Mes finances
-
Blogues
- Blogues
- John Plassard
- Josée Méthot
- Zoom sur le Québec
- Dominique Beauchamp
- Denis Lalonde
- Marine Thomas
- Le blogue de Jean-Paul Gagné
- François Normand
- Mathieu Blais
- Tommy Ouellet
- Nicolas Duvernois
- Philippe Leblanc
- Pierre Cléroux
- Dany Provost
- Jean Sasseville
- Gabriel Fortin
- Jenny Ouellette
- Martin Lalonde
- Mia Homsy
- Manuel St-Aubin
- Magali Depras
- Dans la mire
- Louise Champoux-Paillé
- Gabriel Marcu
- Techno
- stratégie
- Dossiers
- Événements
-