(Photo: 123RF)
Un texte de Stéphanie Bernadet, PDG de Naturmania
COURRIER DES LECTEURS. On a une image précise en tête quand on dit le mot entrepreneur. On voit un homme, bien vêtu, l’air sérieux, occupé, au téléphone et probablement en voyage d’affaire. On imagine des poignées de mains, des voitures de luxe et des agendas de premier ministre. On se fait du cinéma.
Être entrepreneur semble venir avec une aura d’intelligence supérieure et de compte en banque bien garni. On imagine des formations en finance, en management, en marketing et j’en passe!
Pourtant, nous sommes très souvent loin de cette réalité. Nous sommes des gens tout à fait ordinaires. On travaille fort, c’est vrai. Notre cerveau roule à fond 24h sur 24, 7 jours sur 7. Quand on n’est pas au travail, on y pense. C’est comme ça.
On est habités, possédés et imbibés par notre projet. On y croit, on est motivés, on y met toute notre énergie, tout notre temps, tout notre cœur. Et c’est une véritable profession de foi!
Parce que la réalité c’est qu’on ne contrôle pas grand-chose. On n’a pas la capacité d’empêcher les évènements de se produire. On ne pouvait rien contre la pandémie. On ne pouvait empêcher Poutine d’envahir l’Ukraine. On ne peut pas contrôler la météo, ni même l’état d’esprit des gens, globalement. On doit s’adapter, encore et encore.
On a le vent dans la face plus souvent que dans le dos. On affronte les jugements de valeur de gens qui pensent qu’on est tous des exploitants. On se bat pour recruter et surtout, conserver notre personnel. On subit des pressions importantes des banques et des gouvernements, qui nous réclament toujours plus. On jongle avec nos pensées constamment.
On sacrifie souvent du temps en famille et on subit des pressions, tant de nos employés que de nos partenaires. On est souvent préoccupés. On doit parfois quitter subitement ce que l’on vit avec nos amis ou nos proches pour répondre à des urgences. Nos vacances n’en sont pas réellement, parce qu’il y a toujours quelque chose qui requiert notre attention. Bref, c’est vraiment très prenant.
Pourquoi est-ce qu’on fait ça alors? Parce qu’on est comme ça. Tous mes amis entrepreneurs le sont devenus parce qu’ils n’arrivaient pas à être autre chose. On est ceux qui trouvent des solutions. On est ceux qui organisent, prennent en charge et structurent les choses. Et on a toujours été comme ça! Enfants, nous étions probablement les capitaines d’équipes ou les responsables des comités, ou encore les organisateurs d’activités. Nous étions ceux qui s’embarquaient dans tous les projets et finissaient par en prendre la direction parce qu’on allait plus vite. Nous étions probablement de tous les évènements, de tous les partys (oh yeah) et de tous les sports (là je parle des autres...).
Être entrepreneur n’est pas un métier, c’est un état d’esprit. On est des workaholic avec TDAH. On est des créateurs, des gestionnaires, des commis, des caissiers, des fabricants, des artisans, des comptables, etc. Bref, nous sommes des touche-à-tout et nous ne sommes pas souvent assis à nos bureaux.
Dans le règne animal, nous serions un croisement entre un chat (on retombe toujours sur nos pattes), un écureuil (on a autant d’attention), un loup (chef de meute), un caméléon (on s’adapte à tout) et un singe (parce qu’on doit en faire des singeries pour que nos clients achètent nos produits)!
Être entrepreneur, aujourd’hui, c’est crève-cœur. Parce qu’on a beau tout faire comme il faut, on ne contrôle pas l’économie, ni le marché, ni les conflits mondiaux, ni les restrictions sanitaires. Alors si vous avez un entrepreneur dans votre entourage, soyez indulgent avec lui/elle. Manifestez votre soutien en partageant ses contenus dans vos réseaux, consommez ses produits et écoutez-le/la quand il/elle veut relâcher la pression. Parce qu’on n’a pas beaucoup de temps, mais pour vous, on va en trouver!
Stéphanie Bernadet, PDG de Naturmania (Photo: courtoisie)