Pourquoi Ottawa maintient-il jusqu’à la fin de septembre la Prestation canadienne de relance économique alors que des milliers d’entreprises cherchent désespérément de la main-d'œuvre? (Photo: Marvin Meyer pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Pourquoi Ottawa maintient-il jusqu’à la fin de septembre la Prestation canadienne de relance économique (PCRE) alors que des milliers d’entreprises cherchent désespérément de la main-d'œuvre? C’est une question qui brûle les lèvres de bien des entrepreneurs ces jours-ci.
En restauration, dans le commerce de détail, en agriculture, pour ne nommer que ces secteurs, il manque de bras et on doit fonctionner à capacité réduite. Un entrepreneur montréalais me racontait récemment avoir reçu jusqu’à une cinquantaine de CV par semaine dès le moment où la fin de la Prestation canadienne d’urgence a été annoncée et du moment où il a été question de la remplacer par la PCRE, le compte est tombé à zéro.
Entretemps, lui et d’autres entrepreneurs travaillent des heures folles pour combler les manques et parvenir malgré tout à tirer profit de la relance.
« Mais ça sert à quoi de devenir le plus riche du cimetière en se tuant à l’ouvrage? » me demande-t-il.
Il s’étonnait aussi de ce que le Conseil du patronat du Québec, dans ses toutes récentes suggestions pour réduire la pénurie de main-d’œuvre, établisse qu’on devrait faire de l’assurance-emploi un outil de formation, mais omette de demander la fin immédiate de la PCRE.
Un phénomène démographique
Tout cela peut paraître difficile à comprendre, en effet. Maintenant, quelques coups de fil dans les milieux politiques ont permis d’obtenir des explications susceptibles d’éclairer nos lanternes. Il y a encore très peu de temps, prédire le moment de la réouverture de tous les secteurs de l’économie était hautement risqué. L’effet des variants était redouté. Et puis, une politique publique, une fois annoncée avec une échéance, pourrait difficilement être modifiée en cours de route. C’est vrai pour les mesures d’aide aux travailleurs mis à pied, comme pour les mesures d’aide aux entreprises.
Il apparaît aussi, nous dit-on à Ottawa comme à Québec, que l’effet perçu de la PCRE est un peu exagéré en général. Des entrepreneurs lui attribuent la faute, mais les statistiques démontrent aussi qu’il n’y a pas tant de travailleurs inactifs chez nous. Il y avait une pénurie de main-d'œuvre avant la pandémie, et comme 98,6% des emplois perdus ont été récupérés au Québec, il est normal de renouer avec le problème criant du manque de personnel. Le taux de chômage était à 6,3% dans la province en juin, ce qui peut nous faire oublier une réalité différente hors de notre territoire. L’économie québécoise est la plus résiliente du pays. Les provinces de l’Atlantique et l’Alberta affichent des taux de chômage entre 9 % et 13%. Alors, bien que les mesures d’aide puissent effectivement avoir un certain effet pervers, il reste qu’à bien des endroits, elles comblent un besoin réel.
La pénurie de travailleurs, c’est essentiellement un phénomène démographique au Québec. Mais quand on manque de bras, chaque raison qui détourne les ressources espérées du marché de l’emploi devient irritante. Le manque de places en garderie, les retraites anticipées, les mesures d’aide sociale, une génération qui privilégie la qualité de vie, le manque de reconnaissance des compétences par les ordres professionnels sont des facteurs qui affectent l’emploi et dont certains méritent d’être réglés.
Maintenant, toutes ces réalités ne vont pas changer demain matin et comme entrepreneur, sur quoi pouvez-vous agir pour améliorer votre situation? Vous avez plus de contrôle sur votre environnement interne que sur les facteurs externes, alors comment pouvez-vous améliorer votre milieu de travail pour le rendre plus attrayant? Questions à méditer pendant les vacances, car malgré tout, c’est une bonne idée d’en prendre, ne serait-ce que quelques jours, pour mieux relever les défis des prochains mois.