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Une des décisions les plus importantes concernant notre épargne est le choix du gestionnaire à qui on en confie la gestion. Un gestionnaire performant pourra faire fructifier notre patrimoine afin d'atteindre nos objectifs à court ou à long terme.
Depuis des décennies, tant la littérature financière que les praticiens tentent de déterminer quelles sont les caractéristiques des gestionnaires performants des prochaines années.
La croyance répandue voulant que les gestionnaires qui ont été performants sur trois à cinq ans vont poursuivre sur la lancée et être les plus performants en 2019 n'est pas fondée. Un gestionnaire qui a affiché une performance décevante au cours des trois dernières années a presque autant de chances de se retrouver parmi les meilleurs de 2019 à 2021 qu'un gestionnaire qui a été parmi les meilleurs ces trois dernières années.
Pour trouver un gestionnaire qui sera performant à l'avenir, il est donc impératif de chercher d'autres critères de sélection.
Moins riches, plus performants
Le prochain numéro du Review of Financial Studies avance que les gestionnaires de fonds communs de placement issus de familles dont le niveau de richesse était modeste sont en moyenne plus performants.
Ces gestionnaires issus de familles modestes dégagent en moyenne une performance annuelle supérieure de 1,36 % par rapport aux gestionnaires issus de familles riches. Et cette meilleure performance n'est pas liée à une prise de risque plus élevée. Elle n'est pas liée non plus au niveau d'éducation des parents ni à la famille de fonds communs dans laquelle travaille le gestionnaire.
Les jeunes qui aspirent à devenir gestionnaires ne partent pas sur un pied d'égalité. Les enfants de familles riches peuvent espérer dénicher des emplois prestigieux et rémunérateurs grâce aux ressources familiales. Ils vont dans les meilleures écoles et peuvent utiliser le grand réseau professionnel des parents pour décrocher un meilleur emploi.
La donnée de l'étude est assez éloquente sur l'avantage qu'a un étudiant provenant d'une famille aisée par rapport à un autre, d'une famille moins aisée. Le revenu médian du père d'un (ou d'une) gestionnaire de portefeuille est parmi les 13 % plus élevés de la société. Et la valeur de la maison familiale était en moyenne plus de 2,5 fois celle de la maison médiane. Il est vrai que certains gestionnaires sont issus de familles ayant une fortune modeste, mais ils sont en minorité.
A priori, on pourrait croire que le réseau professionnel des enfants de familles riches les favorise pour avoir accès à plus d'informations ou encore plus rapidement. C'est peut-être vrai. Il n'en demeure pas moins que leur performance est en deçà de celle des gestionnaires issus de familles modestes.
Qu'est-ce qui fait la différence ?
Apparemment, c'est essentiellement le talent et l'effort au travail. Du talent et des efforts que ces gestionnaires transforment en performance plus élevée.
L'étude note que l'écart de performance est encore plus prononcé chez les gestionnaires qui doivent entreprendre des études ou un emploi à un endroit éloigné du domicile familial. Et c'est encore plus vrai lorsque le taux de chômage est plus élevé au moment de l'embauche du gestionnaire issu d'une famille modeste.
Il semble en effet que les gestionnaires provenant d'une famille modeste travaillent plus fort pour réussir. Une illustration de la chose est probablement dans le fait qu'ils négocient plus fréquemment leurs titres. Aussi, ils sont moins sensibles aux modes qui prévalent dans le marché en ce qui concerne leurs décisions d'achat et de vente de titres.
En conclusion
Si vous hésitez entre deux gestionnaires pour faire fructifier vos économies, vous pourriez ajouter une question à la liste de celles à leur poser : «De quel milieu êtes-vous issu ?»
CHRONIQUEUR INVITÉ
Richard Guay