Grâce à des robots qui parcourent les champs pour récolter des données en continu, il est possible pour les producteurs d’analyser les sols, de semer les bons produits, de surveiller la croissance de leurs plants ou même de suivre la santé et le comportement des animaux. (Photo: courtoisie —
BLOGUE INVITÉ. S’il y a bien un point positif ayant ressorti de la pandémie de COVID-19, c’est sans nul doute l’engouement renouvelé des Québécois pour les achats locaux. Plus que jamais, les consommateurs s’informent et se questionnent sur la provenance de leurs aliments, et les supermarchés n’hésitent plus à remplir leurs étagères de beaux produits d’ici.
Bien évidemment, cette abondance locale n’est possible que grâce au travail acharné des agriculteurs québécois qui, malgré nos hivers mordants, parviennent à remplir le garde-manger de la province. Pourtant, à peine 2% de la superficie totale du Québec est consacrée à l’agriculture, une bien mince proportion si l’on considère l’étendue de notre territoire.
Une chose est certaine: afin de nourrir la province, assurer la viabilité de nos récoltes et encourager l’autosuffisance alimentaire, il faudra inévitablement passer par une véritable révolution agricole.
Les bons vieux fermiers du temps de nos grands-pères ont aujourd’hui laissé place à une agriculture beaucoup plus moderne, capable de desservir une population toujours grandissante. La plupart des fermes sont désormais robotisées et font usage d’ordinateurs et de machines pour aider avec les récoltes, le tri et l’entreposage des produits destinés à être vendus aux grandes surfaces.
Malgré tout, il n’en reste pas moins que l’industrie agroalimentaire, si on la compare à d’autres secteurs d’exploitation au pays, tarde à adopter un virage numérique nécessaire à son épanouissement.
Il faut dire que travailler la terre n’a jamais été de tout repos: les producteurs doivent apprendre à composer avec la nature éphémère de leurs produits, les humeurs changeantes de la météo, le climat rigoureux du Québec, les maladies et la qualité du sol (pour ne nommer que ceux-là). À cela s’ajoutent les attentes — souvent exigeantes — des consommateurs, qui demandent un ajustement constant afin de produire la bonne chose au bon moment et ainsi éviter les surplus et les pertes.
À (re)lire: notre dossier sur les technologies dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire
De plus, l’agriculture est une des industries les plus durement touchées par la pénurie de main-d’œuvre, mais également par les changements climatiques, causant notamment des vagues de chaleur dévastatrices tant pour les récoltes que pour les animaux.
C’est pourquoi les regards se tournent désormais vers l’intelligence artificielle, une alternative particulièrement attrayante pour cette industrie aux multiples contraintes, puisqu’elle ouvre la porte à une agriculture beaucoup plus autonome et judicieuse.
Depuis quelques années, nous assistons à l’avènement de l’agriculture de précision, une technique qui allie tradition et technologie afin d’obtenir le meilleur rendement possible. Avec les données appropriées, des algorithmes puissants peuvent prendre en charge et automatiser les différentes étapes de votre production.
Par exemple, les systèmes d'IA contribuent à améliorer la qualité et la précision des récoltes en choisissant des plants qui résistent à la sécheresse, à la chaleur ou aux infestations parasitaires. Grâce à des robots qui parcourent les champs pour récolter des données en continu, il est possible pour les producteurs d’analyser les sols, de semer les bons produits, de surveiller la croissance de leurs plants ou même de suivre la santé et le comportement des animaux.
Les caméras et les capteurs, quant à eux, permettent entre autres de révolutionner le contrôle qualité des produits et ainsi de réduire considérablement le gaspillage alimentaire, un autre fléau de notre époque.
Dans le secteur laitier (qui représente à lui seul 27% des recettes agricoles du Québec), de nombreux algorithmes automatisent la production, de la traite à la vente, en plus de contribuer au bien-être des vaches. En effet, l’IA permet d’accumuler des données en temps réels sur les animaux d’élevage et ainsi leur assurer un traitement plus humain tout en maximisant leur rendement.
Les bénéfices économiques et environnementaux de l’intelligence artificielle sont nombreux. Utilisation rationnelle et durable de l’eau et de l’énergie, prédiction de la consommation et des ventes, accroissement de la productivité et décisions plus éclairées: ce sont là que quelques-uns des avantages de l’agriculture numérique ou de précision.
Et pour nous, consommateurs, il n’en ressort que du positif. Une meilleure organisation de notre système agroalimentaire offrira aux Québécois une plus grande disponibilité d’aliments à des prix abordables, un avantage considérable en cette période d’inflation sans précédent.
Cette révolution agricole transformera à jamais le rôle de fermier, mais également notre approche face à l’industrie agroalimentaire, depuis longtemps méconnue et incomprise du public. À ce chapitre, une plus grande visibilité sur la chaîne d’approvisionnement de toute la nourriture que nous consommons est plus qu’essentielle et aura de nombreuses retombées positives sur nos achats, qui se devront d’être encore plus locaux!
Car il va sans dire que le Québec est un terreau fertile regorgeant de grandes opportunités, d’où l’intérêt d’investir aujourd’hui dans l’agriculture de pointe afin d’en récolter les fruits demain. Pour continuer de profiter de nos terres et de nourrir la province, l’idée n’est pas de cultiver plus, mais de cultiver mieux!