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En Europe, la traçabilité des aliments est obligatoire depuis 1993. Lorsqu'un produit fait l'objet d'un rappel, il peut être retiré des tablettes dans un délai de 24h, à l'échelle du continent. En Amérique du Nord, c'est beaucoup plus long, notamment parce que la réglementation n'est pas uniforme. Nathalie Francq, directrice Québec chez NSF International, décrit en entrevue les raisons qui devraient pousser les entreprises québécoises à se lancer d'elles-mêmes dans des processus de traçabilité qui vont au-delà de la règle. Elle donnera un atelier sur les processus modernes de traçabilité des aliments dans le cadre de la conférence Sécurité alimentaire du 7 février prochain, présentée par Les Événements Les Affaires.
Quel est l'état actuel de la situation?
Selon Nathalie Francq, la situation actuelle est prometteuse, mais il y a encore du chemin à faire pour les PME. «Dans les grandes entreprises internationales ou les entreprises qui exportent vers d'autres pays et provinces, les processus de traçabilité des aliments sont déjà bien établis. Chez les plus grandes d'entre elles, toute la chaîne logistique de l'entreprise est reliée à l'outil de traçabilité: la gestion des stocks, les fournisseurs, les commandes, les transports, la gestion du personnel, tout!» De cette façon, si on sait qu'un ingrédient contaminé est entré dans la chaîne de production, il est facile de repérer dans quel lot de produit transformé il se trouve, et où ce lot est rendu. Dans l'entrepôt, en transport, sur les tablettes: le produit est rapidement retiré. «Par contre dans les PME, ajoute-t-elle, les choses sont parfois encore faites à la main», ce qui peut être la source d'erreurs humaines et mettre en péril un éventuel rappel d'aliments, ou pousser l'entreprise à ratisser trop large et retirer plus de produits que nécessaire. Évidemment, les coûts d'implantation et la gestion des systèmes modernes de traçabilité peuvent représenter un frein pour les entreprises. Mais souvent, les bénéfices dépassent ces irritants.
Pourquoi implanter un système de traçabilité?
La première raison qui convaincra sans doute votre dirigeant d'entreprise d'implanter un système de traçabilité est bien simple: (1) pour la croissance des affaires en exploitant de nouveaux marchés. Nathalie Francq précise: «Si vous voulez exporter vers d'autres provinces, ailleurs en Amérique du Nord, et surtout en Europe, la traçabilité absolue des aliments qui entrent dans la préparation de votre produit est incontournable.» Elle ajoute que (2) «sans l'intervention humaine pour la gestion des stocks, par exemple, c'est une grande augmentation de productivité» et une plus haute précision. Mais l'argument principal est sans doute (3) la perception de la marque et du produit: «La traçabilité œuvre pour la sécurité, et la sécurité protège la réputation», résume la directrice Québec de NSF International.
Par quoi passera l'avenir de la traçabilité des aliments?
«Par l'implication du consommateur!», répond d'emblée Nathalie Francq. «Que ce soit pour sa santé, pour ses allergies ou pour avoir de l'information sur le lieu et la méthode de fabrication, le consommateur devrait, dans un avenir rapproché, avoir un accès libre et entier à ce qu'il veut savoir au sujet du produit qu'il consomme.» Ces informations pourraient être disponibles en numérisant le code à barres ou un éventuel code de type QR avec son téléphone intelligent. Quand on sait que selon un sondage de Label Insight, 94% des consommateurs considèrent que la transparence a un impact sur l'achat d'un aliment, on comprend que c'est d'un mouvement de fond de la consommation dont il est question. «Les entreprises ont intérêt à anticiper et à s'y lancer plutôt qu'à bloquer le mouvement. Cela permettra à terme de mieux valoriser le produit offert, ou d'innover avec des produits bons pour la santé.»
Pour plus de détails, assistez la conférence Sécurité alimentaire qui aura lieu le 6 février 2018.