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L'économie de la ville de La Tuque est centrée sur l'industrie forestière depuis des décennies. Alors que les domaines du bois d'œuvre et des pâtes et papiers ne sont pas vraiment en expansion, la forêt demeure un atout majeur de cette ville à la superficie étonnante, et fait partie de son héritage. La ville de La Tuque s'est donc lancée dans un projet de développement économique qui permet d'utiliser la forêt tout en l'aidant à se régénérer: une usine de bioraffinerie qui transforme les déchets forestiers en carburant. Le maire de La Tuque, Normand Beaudoin, nous a accordé une entrevue à ce sujet. Il donnera une conférence en compagnie de Patrice Mangin de Bioénergie La Tuque lors du Sommet sur l'énergie du 24 janvier 2017, présentée par les Événements Les Affaires.
Créer de la valeur avec les résidus forestiers
Chaque jour, l'économie forestière laisse derrière elle des résidus de bois inutilisés. Selon Normand Beaudoin, c'est 650 000 tonnes de déchets forestiers qui sont laissés sur le bord des routes après la coupe d'arbres: les cimes, les plus petites branches et tout ce qui ne se rend pas jusqu'aux usines forestières traditionnelles. De plus, les usines papetières rejettent des résidus de bois dont elles doivent se débarrasser en les transportant et en les enfouissant. C'est ici que le projet de bioraffinerie de La Tuque intervient. «On utilise ces déchets pour les transformer en biocarburant, explique le maire de La Tuque. Ça aide la forêt à se régénérer, ça empêche les résidus de se décomposer au sol en émettant du CO2 et ça déleste les usines des résidus qu'elles n'utilisent pas. Et en plus, ça crée de l'emploi!» Une occasion en or pour la ville de La Tuque de développer son économie et sa vie municipale autour d'un projet novateur.
Innover pour attirer les investissements étrangers
Quand la ville de La Tuque a découvert le potentiel de ses résidus forestiers, elle est partie en quête d'une technologie en mesure de transformer la situation en opportunité. Lors d'une mission économique en Suède et en Finlande, ils ont trouvé des procédés qui peuvent leur permettre d'en faire du biocarburant, avec des investisseurs à la clé. «Ils sont étonnés par la superficie de notre ville et par l'impressionnant réseau de chemins routiers et forestiers, bien entretenus. Avec la disponibilité de la matière première, les routes de La Tuque sont définitivement un actif dans le projet, précise le maire.» Il faut dire qu'avec une superficie de 30 000 km2 de terrain, La Tuque est de dimensions comparables à la Belgique en entier, ou à 63 fois l'île de Montréal.
Prendre le temps d'établir du long terme
Si le maire de La Tuque s'enthousiasme quand il parle du projet de bioraffinerie, il ne se laisse pas prendre au jeu de brûler les étapes. «Nous en sommes toujours à l'étape des études, en lien avec l'UQTR, indique M. Beaudoin. Comme le projet est une première au Canada, les chercheurs forestiers de partout viennent visiter notre site de recherche, et repartent enchantés par le projet. Certains chercheurs retraités ont même eu envie de revenir au travail pour embarquer dans le projet!» Lorsque les études seront terminées (en 2018 ou 2019), une usine expérimentale sera construite. Quand cette dernière aura fait ses preuves, l'usine sera complétée. «À terme, ajoute le maire, c'est 450 emplois qui seront créés. Et ça tombe bien, parce que toutes les infrastructures de la ville sont prêtes pour accueillir les nouveaux travailleurs qualifiés et leurs familles. La ville est vraiment agréable.» Vous pourrez en apprendre plus sur les plus récents développements dans le monde de le domaine de l'énergie lors du Sommet du 23 janvier.