La détection du mouvement via les ondes WiFi est une technologie à la fois simple et extrêmement complexe. (Image: Aerial AI)
La société montréalaise Aerial AI a mis au point une technologie de détection du mouvement via les ondes WiFi dont le potentiel commercial a séduit le fonds d’investissement Yaletown Partners, de Vancouver. Les deux entreprises annonceront dans les prochains jours un investissement majeur (d’une valeur «importante» mais non divulguée) afin de faire passer cette technologie de l’étape du prototypage à celle de la mise en marché aussi tôt qu’avant la fin de l’année.
La détection du mouvement via les ondes WiFi est une technologie à la fois simple et extrêmement complexe. En gros, il s’agit d’interpréter les fluctuations dans les ondes radio d’un réseau WiFi afin de détecter les mouvements dans un espace ouvert. Plus précisément, les capteurs d’Aerial peuvent identifier non seulement un mouvement, mais à terme, ils pourront même deviner la nature de ce mouvement jusqu’à un niveau aussi précis que la simple respiration humaine.
Assez bon pour Vidéotron…
«On voit des applications partout. Ça va de la sécurité résidentielle aux soins à domicile, jusqu’à d’autres services de télésanté automatisés. On peut par exemple informer à distance un médecin sur l’état de santé d’un patient. S’il est tombé, on peut créer une alerte. On peut calculer le nombre de fois que cette personne est allée à la toilette», illustrer Mark Hopper, vice-président produit chez Aerial AI.
C’est évidemment dans ces applications plus poussées que la technologie se complique. L’apprentissage machine et l’intelligence artificielle entrent alors en scène. «On doit faire la part des choses entre les vrais signaux et les faux positifs, pour déterminer si les bons mouvements sont détectés», ajoute M. Hopper.
Un projet pilote de 4 mois a été organisé avec succès l’an dernier avec un client de la société en Espagne. La première mise en marché de cette technologie prendra la forme de capteurs pour la maison qui joueront un rôle de surveillance, à la manière d’un système d’alarme. Si celui-ci détecte une activité irrégulière, il pourra envoyer une alerte au téléphone de son propriétaire. Il est aussi possible de programmer un suivi de l’activité régulière des membres d’un même foyer afin de s’assurer que tout se passe comme prévu (les enfants quittent pour l’école à l’heure, les gens de l’entretien passent au bon moment, le promeneur de chiens fait sa tournée pile à temps, etc.).
Aerial fournit la technologie en marque blanche. Elle pourra être adaptée aux marques et produits des fournisseurs de services Internet (FSI) qui sont ciblés par l’entreprise comme clients potentiels. Ceux-ci auront une solution de sécurité connectée à ajouter à leur offre de services connectés pour la maison. Une solution qui se démarque avantageusement des caméras de sécurité à connexion WiFi qui sont beaucoup plus intrusives, en matière de vie privée…
Aerial compte Vidéotron et Québecor parmi ses premiers investisseurs. On imagine facilement cette technologie être intégrée dans un bouquet de services sous la marque Helix, ce qui distinguerait avantageusement ce produit de son rival Bell WiFi, qui offre lui aussi des fonctions de domotique.
C’est une première application concrète de sa technologie pour Aerial, mais la jeune pousse d’une quarantaine d’employés voit plus loin. «Il y a beaucoup de secteurs où on peut offrir notre solution. Sécurité, santé, médecine, en entreprise, dans des usines», poursuit Mark Hopper.
…mais conçu pour le reste de la planète
Le marché de la détection de mouvement par WiFi est difficile à définir. On n’en connaît pas trop la taille, ni le potentiel. Mais on soupçonne que ça peut devenir gros. D’autres entreprises ailleurs dans le monde ont des technologies similaires à celle d’Aerial. On en cite une bien connue : Linksys, qui pourrait introduire quelque chose de similaire à même sa prochaine génération de routeurs WiFi en maillage.
Après avoir bossé pendant 5 ans sur sa propre technologie, Aerial sentait le besoin d’accélérer sa commercialisation, une étape où bien des jeunes entreprises montréalaises, québécoises et canadiennes échouent. L’apport de Yaletown à ce niveau sera majeur, admet son vice-président.
Du côté de la firme d’investissement de Vancouver, on réalise bien l’importance d’arriver au bon moment dans le cycle de croissance d’une start-up comme Aerial. Yaletown, qui a ouvert une succursale à Montréal en 2017, aime investir dans les premières rondes, généralement de série A, et mise sur l’effet de réseau pour aider ses partenaires à croître.
«On a des bureaux au Canada et aux États-Unis. À Montréal, notre stratégie prend deux formes : on veut aider les entrepreneurs établis localement, et on essaie d’attirer d’autres entreprises avec lesquelles on collabore à s’étendre jusqu’ici», explique Sophie Gupta, directrice de son bureau montréalais. «À ce stade, nous avons développé un écosystème nord-américain qui facilite la croissance rapide des entreprises dans lesquelles nous investissons.»
C’est certainement la prochaine étape dans l’existence d’Aerial AI. L’entreprise se prépare d’ailleurs à une croissance rapide, et devra élargir son département des ventes et du marketing, la plupart de ses employés travaillant plutôt à la R-D, là où Montréal est déjà bien reconnue, dans le secteur de l’IA.
Comme c’est une situation qui est pour ainsi dire assez typique de l’univers montréalais des start-ups, on peut parier qu’un éventuel succès commercial pour Aerial AI aura un impact positif pas seulement financier pour ses investisseurs… Ce sera bon pour la réputation, et ça risque fort d’attirer d’autres entrepreneurs intéressés à passer au niveau supérieur, pour une nouvelle entreprise : celle où elle peut enfin être profitable.
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