BLOGUE. Comment Google Fiber peut-il offrir au même prix une connexion Internet plus de 100 fois plus rapide que la connexion « haute vitesse » typique? Ça tombe bien, le grand responsable du projet chez Google, Patrick Pichette, est un Québécois et il était de passage à Montréal récemment.
Google Fiber offre aux résidents de Kansas City une connexion Internet par fibre optique à 1 Gbps. À titre comparatif, pour un prix comparable (environ 70$ par mois), Bell et Vidéotron offrent respectivement des vitesses de 25 Mbps et 30 Mbps, soit entre 30 et 40 fois plus lent.
Pire, Google offre tout à fait gratuitement une connexion Internet à 5 Mbps, que Bell et Vidéotron vendent respectivement 35$ et 32$ par mois.
Comment cela est-il possible? M. Pichette est d'autant bien placé pour en parler qu'en plus d'être le grand responsable du projet chez Google, il est un ancien haut dirigeant de Bell.
« Il y a deux ingrédients importants », m'a-t-il récemment expliqué en entrevue. Premièrement, Google conçoit elle-même tout l’équipement, dont les terminaux.
« On ne veut pas seulement être un assembleur. Si on faisait ça, on aurait la même structure de coûts que les autres et on ne pourrait pas gagner. Et il n'y aurait aucun incitatif à innover. Quand tu bâtis tout, tu as une opportunité à chaque élément de la chaîne de réduire tes coûts. »
Deuxièmement, Google demande d'abord aux intéressés de s’inscrire sur son site, puis branche un quartier quand elle a l’assurance qu’elle y aura assez de clients. « S'il y a cinq quartiers qui n'ont aucun intérêt pour la fibre, je n'ai pas besoin de bâtir », résume M. Pichette.
Il n'y a pas que pour la connexion Internet que Google Fiber est intéressant. Le service permet aussi d'avoir la télévision. Pour 120$ par mois, on a accès, en plus de la connexion à 1 Gbps, à « essentiellement tous les postes », selon M. Pichette. La qualité de l'image y est même meilleure que chez un câblo traditionnel, puisque la grande bande passante permet de livrer une image non compressée.
Google fournit un terminal de son crû équipé d'un immense disque dur de deux téraoctets et donne accès à un téraoctet supplémentaire « dans le nuage ».
On aurait cru que certains diffuseurs hésiteraient à laisser Google diffuser leur signal, mais il n'en est rien, selon M. Pichette. En fait, Google Fiber opère à Kansas City comme n'importe quel câblodistributeur, de sorte que les diffuseurs n'ont pas le choix de la traiter en tant que tel et de leur fournir leur signal.
« Les craintes que les gens auraient pu avoir envers nous sont les suivantes, explique-t-il. D'abord, que Google ne respecte pas les droits numériques, parce qu'il y a plein de matériel sur YouTube qui ne devrait pas être là. Cette prémisse-là est fausse. Nous travaillons avec tous les gens de contenu, nous respectons les droits d'auteurs. C'est très important. Ce problème est réglé depuis 2-3 ans. »
La deuxième touche les nouveaux canaux YouTube dédiés à la diffusion de contenu exclusif et qui concurrencent la télé traditionnelle, notamment lors de l'achat de ce contenu auprès des producteurs. Selon M. Pichette, ces canaux sont en réalité un intermédiaire entre le contenu de très grande qualité diffusé à la télévision « et YouTube où t'as des chats qui sautent sur des trampolines ».